Après une mise en scène réussie de Daniel Brière pour le Théâtre d’Aujourd’hui, le film de Philippe Falardeau était attendu.

Le bonheur dessiné à la craie

À première vue, l’école Ste-Cécile de l’Assomption, au cœur de Montréal, ressemble à bien d’autres : les enfants crient dans la cour, les berlingots de lait sont distribués le matin, les casiers ne ferment qu’à l’aide d’un coup de pied bien placé et les couvercles de pupitre servent de rempart pour se cacher. Mais, en quelques minutes, tout bascule : Martine Lachance, enseignante, est retrouvée pendue dans sa classe et ses élèves deviennent alors brusquement orphelins. La directrice (Danielle Proulx) espère effacer cette sinistre image par quelques coups de pinceau et engage donc Bachir Lazhar un peu à la hâte comme remplaçant. Réfugié d’Algérie, l’homme tente de se faire une place auprès de collègues et élèves. Le drame vécu par ces derniers s’entremêle à celui de leur professeur dont la famille a été assassinée dans son pays d’origine, alors qu’il préparait leur arrivée montréalaise. Tous, dans cette histoire, partagent le fait d’être des rescapés de morts impensables, incompréhensibles.

Fellag rend un Bachir Lazhar absolument charmant. Le fait qu’il vive sa souffrance en solitaire – une classe, dit-il, ce n’est pas un lieu où jeter son désespoir – nous donne envie de le prendre par la main, de l’inciter à rire et danser, comme il le fait si bien, et à aimer à nouveau. Son histoire personnelle aurait peut-être mérité un certain approfondissement – notamment ses difficultés avec le service d’immigration, plus présentes dans la pièce. Les élèves, quant à eux, sont attachants derrière leur pupitre, particulièrement Alice (Sophie Nélisse) et Simon (Émilien Néron) dont les mots, sourires et larmes sont contagieux.

Malgré la noirceur qui teinte le scénario, le film de Falardeau demeure lumineux, comme la blancheur des murs d’Alger ou de Montréal enneigée. Il offre tout de même une réflexion des plus intéressantes sur la justice, l’exil, l’éducation et la mort. Mais surtout sur ceux qui y survivent.

Si le papier pouvait chanter, cette critique se terminerait avec le beau thème musical, composé par Martin Léon, accompagné du chœur d’enfants au générique.

 

Quoi ?Monsieur Lazhar

Qui ?Réalisé par Philippe Falardeau, d’après la pièce d’Évelyne de la Chenelière

Quand ? Sortie le vendredi 28 octobre

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