Courtoisie : Jba productions

Le djihad revu et corrigé

Un repenti est un djihadiste qui quitte les forces islamistes et qui donne son arme à la police, c’est aussi le titre d’un film de Merzak Allouache. 

Louis-Augustin Roy 

Courtoisie : Jba productions
Courtoisie : Jba productions

Le film, où l’aspect humain prend le pas sur le politique, se concentre sur la réinsertion de Rachid, repenti algérien, dans sa ville.

Traité de chien et de tueur par d’aucuns, il est montré différemment par le réalisateur, tendre envers le personnage. À preuve, lorsque la caméra ne le suit pas en traveling, elle l’observe souvent en gros plan, donnant à voir le jeu sensible de l’acteur Nabil Asli.

Malgré sa première partie prometteuse, le film tombe à plat. Deux principaux choix de réalisation en sont responsables. Celui, premièrement, de ne pas donner accès à la plupart des informations qui permettraient de mieux comprendre les personnages. Par exemple, alors que Rachid s’apprête à dévoiler un élément crucial à un pharmacien, Allouache change de plan, ne nous fait pas entendre l’information et nous montre l’effet qu’elle a sur le pharmacien. Ces tournures sont fréquentes. Elles auraient pu donner plus de substance au film, mais ce n’est pas le cas : la création d’un suspense supplante la construction d’un propos filmique intéressant.

Deuxième choix discutable, l’utilisation de la caméra à l’épaule, bien faite techniquement, mais vide de sens. Allouache le fait d’une manière compétente, mais elle ne dit rien. Elle semble « faire réaliste ». Le sens de ce choix artistique est prévisible, sans imagination, car trop souvent utilisé ainsi, dans ce contexte.

La mise en scène générique du Repenti gâche ce qui aurait pu être un propos fort pertinent sur le terrorisme et la rédemption. Les trois derniers plans, magnifiques et intelligents, donnent un aperçu de ce qu’aurait pu être le film s’il avait eu une vision.

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