Le Grand Projet Secret : comme de l’art dans un jeu de quilles

Un vernissage dans un endroit insolite qui n’a rien des murs blancs d’une galerie d’art typique : c’est ce qui se cache derrière l’énigmatique Grand Projet Secret, exposition qui, pour un soir seulement, mettra de l’avant le travail de 17 artistes émergents de Québec et de Montréal.

Sur l’avenue Myrand, une enseigne passant presque inaperçue indique l’entrée du salon de quilles Le Marshall où, ce vendredi 30 janvier, aura lieu la première édition du Grand Projet Secret. C’est là qu’accoudé au bar nous attendait Phelipe Soldevila, artiste visuel et jeune entrepreneur à la tête de l’événement dont il écourte le nom par l’acronyme GPS.

« Sortir l’art de son enveloppe »

Le choix de l’emplacement, certainement inhabituel pour une exposition, se défend par la volonté des organisateurs de fuir le milieu « normal » de l’art que sont les galeries, mais aussi les bars, cafés et restos de la Basse-Ville. Campé dans un endroit sans prétention, de surcroît voisin du campus, le Grand Projet Secret aspire ainsi à attirer des gens qui, autrement, ne se présenteraient pas nécessairement au vernissage.

Plus encore, le projet donne la chance à plusieurs artistes émergents, la plupart d’anciens et futurs diplômés de l’Université Laval, d’exposer leurs œuvres dans un contexte familier. De fait, selon Soldevila, qui vient de terminer sa maîtrise en arts visuels à l’UL, la Ville de Québec souffre d’importantes lacunes en ce qui a trait à l’espace accessible à la relève. Le GPS, qu’il espère renouveler chaque année au même titre que les événements biannuels qu’il organise, a donc pour but d’offrir à celle-ci une tribune où elle peut dévoiler son talent.

Canadian Bacon

L’idée derrière le Grand Projet Secret est née du succès des expositions du collectif élastique Canadian Bacon, dont les membres – près d’une trentaine maintenant – changent plus ou moins d’une expo à l’autre. Toujours sous l’égide de Phelipe Soldevila, Canadian Bacon a, par deux fois déjà, pris d’assaut les locaux de la marque de vêtements Plenty Humanwear et battu en trois soirs les records d’assistance mensuels de n’importe quelle galerie de la ville. Ces soirées, qui tiennent du happening par leur caractère éphémère, ont eu des échos retentissants chez de nombreux jeunes artistes qui, voyant l’ampleur du mouvement, ont voulu en faire partie. Bombardé par les demandes, Soldevila a alors pu donner une mission à son projet, celle de « devenir un événement fort et ambassadeur des artistes de la relève de la Ville de Québec ».

Étape de sélection et tournoi de quilles

Le Grand Projet Secret fait ainsi suite à un appel de dossiers sélectionnant certains artistes qui se joindront à la troisième édition du Canadian Bacon. Rendez-vous au Marshall, donc, pour un tournoi de quilles amical ou pour admirer les œuvres des recrues potentielles partageant une esthétique urbaine qui donne envie de devenir collectionneur.

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