Une marée humaine avait envahi les différents sites du Festival d’été en ce lundi 9 juillet. Tandis que Jon Bon Jovi faisait un passage sans doute remarqué sur les Plaines d’Abraham, le Parc de la Francophonie offrait une programmation chanson 100 % francophone fort alléchante.

Le premier trio parle français

Une marée humaine avait envahi les différents sites du Festival d’été en ce lundi 9 juillet. Tandis que Jon Bon Jovi faisait un passage sans doute remarqué sur les Plaines d’Abraham, le Parc de la Francophonie offrait une programmation chanson 100 % francophone fort alléchante.

Cyril Schreiber

C’est Salomé Leclerc qui a ouvert la soirée dès 19h, devant une petite foule cependant attentive et réceptive. La jeune chanteuse venait se faire découvrir à ceux qui ne la connaissaient pas encore, en chantant notamment plusieurs titres de son premier album Sous les arbres. Les autres savaient déjà que Salomé Leclerc est l’un des plus beaux jeunes talents de la chanson québécoise : textes intelligents, musiques subtiles, arrangements envoûtants. C’est d’ailleurs avec ce dernier qualificatif qu’on pourrait décrire sa première performance au Festival d’été de Québec (elle qui y a si souvent vu des spectacles) : quelque chose dans son écriture, ses compositions, sa manière de chanter, sa voix éraillée, attire l’attention du spectateur, et celui-ci ne peut être que charmé. C’est aussi grâce à ses musiciens, et tout particulièrement au trombone de Benoît Rocheleau, que la magie opère, tant sur disque que sur scène. Une première fois réussie.

C’est ensuite la formation Monogrenade qui s’est amené sur la scène Loto-Québec, pour à son tour se faire découvrir. Auteur d’un premier album remarqué par la critique (Tantale), la formation menée par Jean-Michel Pigeon fait une pop-rock intelligente et atmosphérique, qui n’est pas sans rappeler Karkwa (notamment pour la voix de Pigeon) ou Patrick Watson, pour les ambiances évanescentes. Cette voix de Jean-Michel Pigeon, justement, on l’a trop peu entendu, surtout au début de leur performance : habitude du chanteur ou problème technique ? Toujours est-il que si le public n’a pas pu apprécier à leur juste valeur les textes, les musiques, elles, sonnaient bien, notamment grâce à trois violonistes invitées pour l’occasion, ce qui a ajouté une couche d’angoisse « aérienne » à l’empreinte musicale de Monogrenade. Ce mélange des cordes et des instruments plus classiques est sans doute l’une des forces du groupe québécois, qui possède un beau potentiel et a su se faire entendre ce soir-là.

Celui pour qui les gens s’étaient déplacés, et qui ont rempli le Pigeonnier convenablement sans l’afficher complet cependant, c’était Pierre Lapointe qui, après un passage aux Francofolies de Montréal, revenait à une formule de groupe plus rock, lui qui a beaucoup tourné dans les derniers mois avec Seul au piano. C’est ainsi que les Mal-Aimés Philippe Brault, Philippe B, Josianne Hébert, Guiddo Del Fabro, Joseph Marchand et Steve Caron ont retrouvé Pierre le grand sur scène pour ce spectacle rock dansant où ils ont pu libérer leur charge sexuelle immense en faisant de la bonne musique – Pierre Lapointe n’a pas hésité à discourir de manière décalée, au plus grand bonheur des festivaliers de Québec, qui ont eu souvent la chance de le voir au cours des dernières années.

Au programme, donc, presque que des chansons rock faites pour danser, à part quelques exceptions. Les trois albums studio de Lapointe ont été largement représentés, avec une nette dominance cependant pour Sentiments humains, son dernier en date, opus déjà très rock à la base. Les relectures « rock électro groovy » les plus surprenantes sont venues de chansons plus anciennes : Debout sur ma tête, Tous les visages, Tel un seul homme ou encore Le lion imberbe ont ainsi été métamorphosées pour cet excellent spectacle où les fans de Pierre Lapointe ont été comblés. Deux reprises (Au suivant, Les uns contre les autres), quelques ballades plus calmes (dont Pointant le nord en rappel, où la foule a chanté en chœur – un beau moment) et quelques classiques inévitables – Au bar des suicidés, Deux par deux rassemblés – ont complété le tableau de ce spectacle incontournable où l’on a retrouvé un Pierre Lapointe qui aime s’entourer de musiciens de qualité. Seule ombre majeure au tableau, le son discutable de son micro, qui a souvent englouti sa voix devenue sourde dans la musique. Pas assez, cependant, pour gâcher le plaisir de revoir pour une énième fois ce chanteur de seulement 31 ans qui a déjà une carrière magistrale et qui n’est pas prête de s’arrêter.

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