Le rappeur de Limoilou Webster vient de lancer son nouvel album, Le vieux d’la montagne.

Le rap engagé d’un fils de Limoilou

Une écoute du Vieux d’la montagne suffit pour comprendre que le rap que l’on y trouve est songé, intelligent.

Comme l’explique Ali Ndiaye, alias Webster, il n’est que lui-même lorsqu’il écrit. «Dans le rap, c’est important de rester vrai. Pour moi, c’est rester comme je suis. Je suis une personne qui lit beaucoup, j’aime m’informer, lire les journaux, écouter les nouvelles et j’aime partager. C’est ça être vrai. Je ne pourrais pas te parler de vendre de la drogue, je n’en vends pas. Je ne pourrais pas te parler d’avoir un gun, je n’en ai pas.»

Très conscient que le hip-hop est souvent perçu comme étant un genre de musique qui fait la promotion du sexisme, du matérialisme et des pratiques interlopes, il émet une mise en garde: «Ce qui vend en général, et pas juste dans le rap, c’est la violence et les filles. On voit un film, on voit Britney Spears, on voit la pop. Dans les vidéoclips, les filles ne portent que deux, trois ficelles. C’est une tendance globale occidentale. Je déplore le cliché du rap que l’on colle à tous les artistes de hip-hop . Ce n’est qu’une partie des artistes hip-hop qui sont comme cela, ce n’est pas tout le monde».

Avec ses textes, il veut éveiller les consciences. Avec la pièce «SPVQ», il s’attaque au profilage racial, un problème qu’il connaît bien. «Je voulais que les gens qui ne sont pas familiers avec cette dynamique-là puissent comprendre comment ça se passe. Une dame m’a déjà dit: “écoute, c’est normal, il faut protéger nos enfants”. Je lui ai demandé si les gens qui se font coller par la police ne sont pas les enfants de quelqu’un ici. C’est une division socioculturelle que je trouve agaçante. Ça ne touche pas juste les noirs, mais aussi les blancs qui ont l’air marginaux, les punks, les gens moins fortunés. C’est un enjeu de société. Je dis souvent que la société change, mais la police ne change pas au même rythme», déplore-t-il.

En plus d’utiliser la musique pour porter son message, Webster donne des conférences aux jeunes de la région. Il leur parle d’histoire, de hip-hop et de l’importance de l’école. En novembre, il donnera même une conférence sur le hip-hop à la réputée université américaine MIT, au Massachusetts.

En continuant de travailler sur ses multiples projets, il trouve le temps de revenir à ses racines. Presque à chaque année, il retourne sur la terre de ses ancêtres du côté paternel, au Sénégal, pour participer à Festa 2h, un festival de musique et de culture urbaine. «On donne des concerts à Dakar, mais surtout dans les banlieues, où les gens ont moins d’argent. Ce sont des concerts gratuits dans des points chauds, c’est dans les ghettos», affirme-t-il.

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