Courtoisie: Claudy Rivard
Courtoisie: Claudy Rivard

Le Théâtre selon le théâtre

Connaissez-vous la mise en abyme ? C’est un procédé qui consiste à placer une œuvre à l’intérieur d’une autre similaire. C’est justement le propos de la pièce Colombe de Jean Anouilh : une analyse du théâtre et du milieu artistique.

Hugo Lafleur

Courtoisie: Claudy Rivard
Courtoisie: Claudy Rivard

Julien, oublié par sa mère ( centrée sur sa propre carrière d’actrice ), doit partir pour faire son service militaire. Il doit laisser sa femme, Colombe, aux mains de son frère Armand, favori de tous, et de la communauté artistique qui entoure sa mère. Colombe se fait immédiatement embaucher dans le théâtre et reçoit les avances de tous. Pour elle qui était habituée au style de vie strict de Julien, pianiste épris de grand art et ennemi de l’hypocrisie, le contraste la pousse à succomber aux excentricités du milieu. Suite à son service, Julien revient pour essayer de tout régler, sans succès.

Premier point positif de la production, la scénographie simple et réaliste remplit son rôle en nous amenant dans l’époque de la pièce, cette période identifiable au boulevard du crime.

L’écriture dense de Jean Anouilh, qui mêle comédie et drame pour former sa vision personnelle de la tragicomédie, est ici d’une ironie mordante et sans pitié. Le respect du décor solidifie les nombreuses références à une époque marquée d’excès, ce qui campe les personnages dans des rôles typés. Les personnages étant par moments caricaturaux, leur développement passe en second plan derrière la critique du milieu et des personnages associés qui trouvent sans problème leurs pendants modernes. De cette manière, il produit une critique du milieu artistique qui garde une pertinence actuelle; dans sa vision, ce milieu, rempli du culte de l’ego et de manœuvres hypocrites pour son propre avancement, est celui d’artistes immatures en quête désespérée d’attention.

La tragicomédie d’Anouilh prend forme en opposant des textes sombres et des situations cocasses qui se déroulent avec des personnages comiques. Pour cet aspect, la comédie a pris forme par des mimiques bien exécutées, une gestuelle caricaturale à souhait et des blagues au rythme impeccable. Je lève mon chapeau à Guy Langlois, digne d’un personnage de dessin animé, à Andy Cerqueira, pour sa bonhomie naturelle et à Jennifer Gagnon Thibault pour la mise en scène simple, efficace et fluide.

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