Limoilou l’enchante

Devant une foule nombreuse et bruyante, le soixantenaire, très en forme, a présenté pour la deuxième fois à Québec Avec tambour ni trompette, un spectacle ludique qui revient aux fondements même de sa musique : sans grand orchestre ou deux batteries comme sur les tournées précédentes, mais avec « seulement » trois excellents multi-instrumentistes.

L’ordre des chansons n’a pas été laissé au hasard : d’abord calme et tempérée, la prestation a décollé petit à petit, pour aboutir à un segment plus rock où Charlebois a lâché son fou (« Mon pays ce n’est pas un pays c’est un job », « Chus d’dans », « Tout écartillé »), avant de finir en douceur avec notamment une berceuse signée Réjean Ducharme.

Ce dernier est d’ailleurs à l’honneur dans cette nouvelle tournée, entre chansons à redécouvrir (« Fais-toi z’en pas (tout l’monde fait ça) ») ou découvrir, réarrangées simplement mais efficacement. Décidément, c’est l’année Réjean Ducharme, puisqu’il sera aussi célébré lors du festival littéraire Québec en toutes lettres.

Charlebois, malgré un certain statisme en début de parcours, a prouvé qu’il avait encore une énergie scénique incroyable. Ravi d’être là, il a même essayé de chanter « Limoilou », une vieille chanson qui était de circonstance – mais les paroles se sont égarées au fil des années. Il lui est resté heureusement les classiques, présentés dans leur forme traditionnelle (« Entre deux joints », « Dolorès », « Les ailes d’un ange ») ou de manière surprenante (l’ouverture au piano avec « Lindbergh » et « Je reviendrai à Montréal »), dont on ne se lasse quoiqu’il en soit jamais. Loin d’avoir dit son dernier mot, foi de son récent album Tout est bien, Robert Charlebois aura enchanté Limoilou le temps d’une soirée, autant que Limoilou l’aura enchanté.

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