Impact Campus a rencontré le réalisateur d’Incendies, à l’affiche depuis le 17 septembre

L’importance d’être ensemble

S’il y a un parallèle marquant entre Denis Villeneuve et Wajdi Mouawad, c’est l’importance qu’ils accordent pour chaque individu, d’être avec quelqu’un, d’être  «ensemble». «Wajdi s’inspire des comédiens pour construire son histoire, tout le monde est investi. Pour moi, l’idée de créer ensemble, c’est ce qui me touche le plus. Travailler ensemble, c’est l’image de la condition humaine», a avancé Denis Villeneuve. Le film reprend et exploite cet aspect. «On est ensemble, ça va mieux», a quant à lui cité Wajdi Mouawad lors d’une conférence intime l’été dernier, lors du Carrefour international de théâtre. Cette phrase, qu’il considère comme étant un paradoxe, fait allusion au besoin d’être en communauté et de rechercher un confort à travers les autres. Sa pièce reprend cette notion, tout comme le long métrage.

Étant à l’origine une pièce de théâtre, Incendies raconte l’histoire de deux jumeaux, Jeanne et Simon, cherchant à comprendre leur origine. À l’instant où leur mère meurt, ils doivent retrouver respectivement leur père inconnu et leur frère, dont ils ne connaissaient aucunement l’existence. Dans un contexte difficile, ils tenteront de retracer la vie de leur mère qui vivait au Proche-Orient avant d’immigrer au Canada, afin de retrouver la partie manquante de leur vie. Ensemble, le frère et la sœur découvriront un passé plus que tourmenté.

Une intimité particulière
«Lorsqu’il [Wajdi Mouawad] a accepté de me confier sa pièce, il m’a dit que je pouvais faire ce que je voulais du film, prendre les morceaux que je voulais. Ma plus grande angoisse a été de ne pas trahir sa pensée, d’être le plus fidèle à son oeuvre», a expliqué Denis Villeneuve. Celui-ci avoue avoir une grande admiration pour le metteur en scène d’origine libanaise. Il parle d’une amitié de création et d’une intimité artistique très grande, qui s’est créée lors de leurs échanges.

«Il m’a dit : «tu vas souffrir en faisant le film, j’ai souffert, tu vas souffrir, mais il faut que tu passes par là pour arriver au bout»», témoigne le réalisateur. Sa récompense a été de sentir que les gens ont été touchés par les idées de Wajdi Mouawad, et ce, à travers le film. «Le plus gros cadeau que j’ai eu, et j’en ai pleuré, c’est de voir Andrée Lachapelle, la première Jeanne d’Incendies au théâtre, venir me voir et me dire combien elle avait été bouleversée par le film.»

Le respect du 7e art
«Il y a tellement de travail pour faire un film, il faut que ça en vaille la peine. Il me faut quelque chose d’important, des défis, avec l’idée de faire mieux et l impression d’avoir fait un pas en avant. À chaque fois, j’ai le désir de m’améliorer. J’espère garder la conviction d’apporter un jour quelque chose au cinéma», a partagé Villeneuve. Le réalisateur, qui a ce rapport sacré avec le cinéma, avoue désormais avoir envie de reprendre la fiction, de créer et diriger un film de A à Z. «J’ai des idées embryonnaires qui se battent, l’une d’entre elles va gagner, et ce sera mon prochain film.»

 

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