Après Slamérica, qui avait en quelque sorte ouvert le Québec au slam, Ivy revient avec Hors de sentiers battus, une deuxième livraison dans la lignée de la première. Encore une fois, le slammeur québécois, qui se permet de chanter ici et là, aborde différents thèmes. Ceux-ci sont à la fois universels (le sexe, l’enfance, le jeu, la campagne) et bien de chez nous (la langue française, encore et toujours).

Manieurs de mots et de notes

 

Ses textes, retranscrits dans le livret, sont toujours bien soignés, bourrés de jeux de mots parfois efficaces, parfois faciles, mais toujours sentis : Ivy est peut-être l’un des meilleurs tourneurs de phrases à l’heure actuelle au Québec. Peu importe s’il fait du slam, du rap ou tout simplement de la chanson : son talent d’écriture est indéniable. Malheureusement, il tombe dans deux pièges apparemment inévitables du genre : la moralisation de certains de ses propos, dont l’inévitable discours sur le réchauffement planétaire dans Apocalypso, et la trop grande densité de certains textes. Le « message » est alors perdu sous un flot de paroles abrutissant, comme c’est le cas dans My name was, dont le duo avec Paul Cargnello perd aussi alors en intérêt.

Côté musique, le maître d’œuvre de cet album est le musicien Philippe Brault, que l’on a pu notamment voir aux côtés de Pierre Lapointe, qui signe la direction musicale et les arrangements, en plus de jouer plusieurs instruments. Si l’on regrette la surabondance de beats ainsi que l’omniprésence parfois agaçante de la batterie, qui apporte certes du rythme, mais aussi de la lourdeur, on ne peut que féliciter Brault d’avoir utilisé à bon escient un quatuor à cordes (excellente Merci) et un cor français, joué ici par Pascal Lafrenière. À ce titre, L’enfance est assurément la meilleure mélodie de l’album, et la plus originale.

Ivy se classe donc comme le porte-étendard du slam au Québec, et n’a rien à envier à ses cousins d’outre-Atlantique. Son œuvre réussira-t-elle à traverser le temps, quand le phénomène se sera essoufflé ? On le lui souhaite.

3.5/5

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