Avant les Fêtes, Impact Campus s’est entretenu avec Martin Léon à propos de son tout dernier album, Les Atomes.

Martin Léon à la recherche de l’Invisible

Question : Avez-vous baptisé cet album parce qu’il s’agit du nom du studio dans lequel vous l’avez enregistré?

Réponse : C’est l’inverse. C’est-à-dire que j’ai baptisé le studio à partir du nom de l’album. C’est un nouveau studio, mon atelier personnel, adjacent à mon appartement. Ça a pris deux ans à construire. Une fois fini, on a commencé à enregistrer là-dedans de 12 à 15 heures par jour, six ou sept jours par semaine, pendant trois mois et demi (d’août à octobre). À un moment donné le travail était tellement intense que je me sentais comme interrompu par le sommeil et par la faim. Puis est venu le temps de baptiser le studio. L’album s’appelle Les Atomes pour d’autres raisons.

Q : Votre processus créatif a-t-il toujours été d’une telle intensité?

R : Non, pas du tout, je ne sais pas pourquoi. C’est arrivé comme ça, ça devait être quelque chose de déséquilibré. J’avais le goût de vivre ça une fois dans ma vie, le trip, l’intensité ininterrompue. Cet album-là, c’est ça. Un trip non-stop de jour et de nuit, mais dans la joie, l’enthousiasme, la folie, l’invention et le plaisir.

Q : Pourquoi donc avoir baptisé l’album de la sorte?

R : Les atomes, c’est ce qui nous unit tous. J’ai toujours aimé penser que la musique était le point le plus court entre deux êtres humains. Un moment donné, j’ai réalisé que non, les atomes, c’est encore plus court. Il n’y en a même pas de «pas». Entre toi et moi en ce moment, il y a juste un gros puzzle 3D d’atomes dans lequel on se touche, au même titre que les oiseaux, les arbres, toutes les formes de vie. Des atomes qui se frictionnent, qui s’attirent, qui se repoussent, qui groovent ensemble. Dans le monde minuscule de l’invisible, rien n’est au repos, tout bouge. Le thème principal était vraiment les atomes et leur danse. C’était ça le filon.

Q : L’album est effectivement rythmé dans son ensemble. Je pense aux jeux de mots et aux extraits parlés que l’on retrouve notamment dans «Nobody’s free» ou dans «Le shack à Chuck». Cherchiez-vous à donner un ton humoristique?

R : Pas du tout, sauf que j’aime ça moi quand c’est ludique, quand ça joue. J’aime ça jouer et j’aime les gens qui jouent. Et puis je pense que les atomes jouent aussi des fois. Il y a toutes sortes d’entourloupettes, une danse, une chorégraphie dans la vie et toutes choses. Ça fait que je trouve que ça fait partie du groove de jouer. Parfois, j’écoute des chansons des années 30-40 et il y a beaucoup plus de jeux là-dedans que dans la musique en général. On est peut-être à une époque où au Québec et en Amérique du Nord dans son ensemble, la musique se prend plus au sérieux. Elle est moins joueuse que dans les années 30, en tout cas. Le jeu me manquait. Ce n’est pas parce que tu es un poète ou que tu aimes la poésie que tu as nécessairement une ligne entre les deux yeux et que tu es sévère quand tu parles.

Q : Parlant de poésie, en ce qui concerne le texte, y a-t-il des auteurs qui vous inspirent?

Il y en a vraiment beaucoup. Ici, dans le monde d’aujourd’hui, c’est sûr que Miron et Desjardins me font rire. Il y a aussi les poètes Benoit Jutras, Hélène Doiron et Jacques Brault. Ces cinq-là, dans le monde d’aujourd’hui, je les lis et puis ils m’inspirent. Étrangement, il y a aussi des poètes voyageurs, des gens qui écrivent des carnets de voyage avec une forte poésie. Je pense entre autres à Garry Lawrence et à Bruno Blanchet. D’abord, ils vivent au bout du monde des aventures pas possibles et il y a une poésie là-dedans. Évidemment je n’ai jamais cessé de lire des classiques, qui m’inspirent régulièrement. Si je regarde sur ma table de chevet, il y a La Centaine d’amour de Pablo Neruda, Maupassant avec ses Contes du jour et de la nuit et Les fleurs du mal de Beaudelaire.

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