Photo : Hubert Gaudreau

Modern primitive : Rock & Ramens

Photo : Hubert Gaudreau

«76, St-Val­lier Ouest, pas loin du Roi de la patate», a pris soin de préciser Joey avant de raccrocher le télé­phone, quelques heures avant l’entrevue.

Arrivés devant l’imposante bâtisse, Hubert et moi nous sommes arrêtés pour échanger un regard complice. Nous allions enfin découvrir le Pantoum. Après avoir gravi les trois paliers de l’escalier en nous laissant guider par les quelques notes qui parvenaient à s’échapper de la porte du local, nous avons abouti dans un hall d’entrée qui ne nous a absolument pas aidés à éclaircir le concept déjà flou qui englobe le Pantoum. Une exposition random signée Sophie Latouche, une cuisine au milieu de laquelle un jeune homme sape son bol de ramens, de l’équi­pement d’enregistrement et des instruments disposés aléatoire­ment sur le plancher, la table et les divans. Le chaos le plus har­monieux qui soit. Parlant de di­vans, ils sont tous là, sagement cordés, à l’autre bout de la pièce.

De gauche à droite, Charles Allard Poulin (batterie), Jean- Daniel Lajoie (guitare), Samuel Bédard (basse) et Joey Proteau (vocal et guitare). Ils nous appa­raissent indissociables les uns des autres, autant que les Rol­ling Stones, autant que le café et les cigarettes. Pourtant, nous expliquent-ils, Modern Primitive n’a vu le jour qu’en janvier 2012. Déjà, en février, ils livraient un premier démo appelé Demonstra­tion, et en mai dernier un second, appelé Sugar Bullet. Si le projet a démarré rapidement, c’est que les membres du groupe ont pas mal d’expérience derrière la cravate. Bon, ils ne sont pas du genre cravate, mais cela ne les a pas empêchés d’être efficaces quand est venu le moment de composer. «Je dis ça vraiment sans aucune prétention, mais chaque membre du groupe avait déjà trouvé sa sonorité. On savait tous où on s’en allait. On ne s’est pas cherchés», explique Joey. «On est tous très influencés par le rock 90’s, la culture DIY et le lo-fi, ça explique un peu notre son», ajoute Jean-Daniel.

Ces derniers jours, ils sont enfermés au Pantoum pour enregistrer un split qu’ils sont en train de réaliser avec les membres de Drogue, un autre groupe émergent originaire de la ville de Québec. Le Pan­toum, c’est donc un studio d’enregistrement ? En partie. C’est aussi une salle de shows, un lieu de rassemblement, une opportunité pour les artistes underground d’exposer leurs oeuvres les plus funky. «Vu qu’on est membres, les proprié­taires nous prêtent le matériel pour qu’on puisse enregistrer nous-mêmes», précise Joey. «C’est pas toujours par choix qu’on fait les trucs homemade, avoue Charles, mais c’est pour­tant important de savoir faire les choses par nous-mêmes. Les premiers EP par exemple, on a tout fait ensemble, même le design.»

Bien qu’ils ne soient pas fermés à l’idée de partir en tournée ou d’enregistrer un album complet avec un label indépendant, les gars se concentrent sur l’essen­tiel : «Notre seul objectif, pour l’instant, c’est de faire de la bonne musique. C’est tout ce qui compte.»

Voilà une révélation qui en dit long sur la philosophie du groupe. Après une courte séance photos, Hub et moi avons repris notre chemin en sens inverse. Nous avons descendu les marches en silence, sachant que nous avions exactement le même feeling:

Modern Primitive ? Watch out!

Miléna Babin

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