Tim Hecker et Colin Stetson étaient de passage au Cercle le samedi 5 février dernier.

Musique expérimentale sous l’égide du Cercle

Le Cercle accueillait deux musiciens basés à Montréal: l’artiste du son Tim Hecker et le saxophoniste Colin Stetson connu pour avoir collaboré avec certains des plus grands dont Arcade Fire, Tom Waits et Laurie Anderson. Les deux ont joué en prévision de leur lancement d’album respectif, Ravedeath 1972 et New History Warfare Vol. 2: Judges.

Le programme double était présenté conjointement par Le Cercle, Antenne-A et CHYZ, dans le cadre du OFF Carnaval de Québec. «On a organisé une partie de notre programmation culturelle et festive sous le cadre d'un OFF, question d'offrir un choix différent aux gens qui seraient en ville pour fêter le Carnaval», précise Jean-Claude Anto, directeur de la programmation du Cercle. L’organisation a visé juste en invitant Tim Hecker et Colin Stetson, deux artistes bien établis sur la scène musicale actuelle.

Tim Hecker est considéré comme l’un «des maîtres de l’ambiant au Canada». Sa créativité unique a été mise au service de productions de danse contemporaine, d’installations sonores ainsi qu’en tournée et en studio avec des artistes phares tels que Godspeed You! Black Emperor et Fly Pan AM. Samedi dernier, le musicien s’est présenté le premier sur scène, simplement équipé de son portable et d’une console pour moduler le son. Sans décor ni un mot, Hecker s’est savamment affairé à superposer différentes couches de sons dans une pièce ininterrompue de plus de 30 minutes. Certains des extraits utilisés provenaient de son album Ravedeath 1972 qui sera lancé d’ici une semaine sous l’étiquette Kranky. Difficile de savoir quelles ont été les émotions ressenties par le public, confronté à un paysage sonore plutôt abstrait vacillant entre des bruits lourds, discordants, à la limite angoissants ou trop forts, et des mélodies lentes semblant plus naturelles et reposantes.

Colin Stetson, fraîchement revenu d’une tournée européenne pendant laquelle il assurait la première partie de Godspeed You! Black Emperor, a poursuivi avec ses saxophones baryton, ténor et alto. Sur scène, il s’est dit fort heureux de partager la soirée avec son ami Tim Hecker. «Sa musique est celle que j’aime le plus au monde», a-t-il déclaré. Le saxophoniste a joué son nouvel album, New History Warfare Vol. 2: Judges, quelques semaines avant qu’il soit lancé sous l’étiquette montréalaise Constellation. «L’opus a été enregistré à Montréal au Hotel2Tango par Efrim Menuck de Godspeed You! Black Emperor. «C’est presque un show live, ça a été enregistré d’un coup, sans overdub ni loop. On a mis 24 micros un peu partout dans le studio pour capturer tous les différents sons qui se produisaient dans la pièce. Ma performance de ce soir est un peu semblable, sauf que sur l’album, il y a deux artistes invités: Laurie Anderson et Shara Worden», a raconté Stetson.

On gagne à voir l’homme-orchestre performer en direct. Maîtrisant la respiration circulaire qui permet de jouer sans reprendre son souffle et sans marquer de pause, Stetson a démontré les surprenants horizons sonores du saxophone. Alors qu’il frappait les clés ou qu’il chantait à travers son instrument, on aurait parfois cru entendre simultanément un clavier, une ligne de basse, une guitare électrique et même des percussions. «Les techniques que j’utilise au saxophone ont été utilisées pendant des décennies dans la communauté free jazz. Je ne fais rien de spécialement nouveau. La seule différence, c’est que j’en fais des chansons», précise l’artiste. Malgré quelques problèmes techniques de son qui ont notamment obligé Stetson à jouer sa dernière pièce unplugged, les deux performances ont été hautes en couleur et en intensité. «Je n’ai été à Québec qu’à quelques reprises et je n’ai eu que des réactions superbes de la part de la foule. Par contre, j’ai rarement le temps d’y rester. J’aimerais passer quelques jours de plus éventuellement», a ajouté Stetson.

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