Une nuit sans lune: Touchante réalité

Une nuit sans lune, documentaire de Thi Be Nguyen et de Marie-Hélène Panisset, dépeint sobrement les difficiles épreuves auxquelles de nombreux Vietnamiens, Laotiens et Cambodgiens ont été confrontés en s’échappant de leur pays, flottant à la dérive, sous la pression du Communisme durant les années 1970 et 1980.

Dans ce documentaire, un montage fruste de témoignages émouvants retrace la quête de Thi Be Nguyen, réfugiée laotienne arrivée au Québec à l’âge de cinq ans, dans la remémoration des épopées vécues il y a plus de quatre décennies par les Boat People Vietnamiens.

Quarante ans après l’évasion de leurs pays d’origine, trois générations remuent dans les marées de leur histoire collective les rudes épreuves vécues par les Boat People. Illustrées par des photographies poignantes tout au long du documentaire, les mésaventures resurgissent de la mémoire des exilés nourrissant l’identité des jeunes générations.

On discerne alors comment le temps affecte la mémoire d’une communauté des dizaines d’années après des évènements dramatiques. Pour les plus âgés, une sérénité exemplaire cache la vivacité des souvenirs tragiques bâtis à travers une poursuite herculéenne dans la conquête de leur liberté. Pour les plus jeunes, nés dans une contrée florissante devenue leur pays, le Canada, l’histoire de leurs parents, ou grands-parents, parait désormais presque invraisemblable.

La décontraction dans le bien-être de leur nouvelle situation ne témoignerait pas des souffrances vécues lors de ces épopées lointaines. Et pourtant, les récits poignants des évasions en cachette, de son propre domicile pour embarquer dans des navires comblés sans l’assurance de s’en sortir vivant, font croire à la difficulté de se remettre après de telles aventures.

Enfin, il y a la génération de Thi Be Nguyen, au cœur de ce projet de documentaire, dont le mérite consiste à avoir entrepris une quête identitaire en complétant les souvenirs de son enfance pour ressusciter ses origines fourvoyées.

Comme en témoigne l’une des intervenantes, il semblerait que l’acceptation par les jeunes réfugiés de leur première nationalité ne se ferait qu’en pleine connaissance de leur histoire et de celle de leurs compatriotes expatriés. Cela après avoir entrepris un contact avec cette terre natale étrangère par son absence forcée, après l’évasion de jeunesse à laquelle ils ont assisté.

Il s’agit donc d’un documentaire réalisé avec une fièvre de connaissance pour son sujet, poussé par une quête de la connaissance de soi et de son passé ainsi que de celle des autres réfugiés évadés durant cette même époque.

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