Oscars 2022, une soirée perdue d’avance

Claudia Bouvette a été éliminée de Big Brother, Édouard Lagacé de Star Académie, Will Smith des Oscars : retour sur une soirée de mauvaises décisions. Un peu plus sérieusement, il ne sera évidemment question que des Oscars, parce que je n’ai qu’un écran d’ordinateur. C’est mon plaisir non coupable dans l’industrie culturelle : les galas, les remises de prix. Instance de légitimation, instance politique, instance du politically correct, soirées déglinguées en décorum et parmi elles, mes préférées : Cannes et les Oscars. Je dévore ces soirées même si la plupart des fois, j’en sors déçue et frustrée, et la 94e soirée des Oscars n’a pas fait une exception. 

Par Emmy Lapointe, rédactrice en chef

Meilleur rôle dramatique : Will Smith
Gros malaise télévisuel. Will Smith monte sur scène après une (mauvaise) blague de Chris Rock, le gifle, retourne à son siège, hurle de garder le nom de sa femme hors de sa fucking bouche, revient plus tard pour ramasser sa statuette, discours d’excuses, cringe à mort. Et on retiendra ça de la soirée évidemment.

Je ne suis pas d’accord avec la violence de la gifle, avec la violence tout court et encore moins d’accord quand on utilise l’amour comme prétexte, surtout que Will Smith n’était pas la victime et qu’il a pris sur lui le choix de la violence. Cela dit, il faut savoir que la blague de Chris Rock était particulièrement problématique au sens où il attaquait consciemment un élément sensible chez Jada Pinkett Smith. Jada Pinkett Smith s’était confiée récemment sur l’alopécie, une condition dont elle est atteinte et qui l’atteint sur les plans physiques, affectifs et sociaux. C’est aussi une condition qui atteint davantage les femmes que la société racise, ce qui rend le sujet encore plus sensible.

Dune
Les jours avant la cérémonie, on spécule. On regarde ce qu’ont célébré les derniers festivals, la liste des nominations, on analyse, on suranalyse, on donne du sens à des potentiels indices qui n’en sont pas au final, bref, on veut pouvoir dire : « Je le savais, c’est ce que j’avais dit. » Et hier, le cheval sur lequel beaucoup avaient misé, au Québec du moins, c’était Dune de Denis Villeneuve. Parce que c’était le film de l’année ? Parce que le réalisateur est d’ici ?

Déjà, le fait d’élire un film de l’année, c’est un concept absurde, mais si on accepte de jouer le jeu, il était difficile de penser que Dune puisse être couronné, parce qu’il n’est ni dans la nouveauté formelle ni dans la subversion, ni dans le pathos à fond; tous des critères qui semblent dominer lors de la sélection du meilleur film de l’année, ça et la question du « social » qui permet aux cérémonies de paraître wokes sans vraiment entamer une réflexion sur leurs pratiques. Et Dune, c’est une prouesse technique – il a été largement récompensé pour ça hier – mais ce n’est ni « nouveau » ni « subversif », ni touchant outre mesure. Dune est un blockbuster d’une qualité indéniable, remarquable même, mais ses chances de remporter l’Oscar le plus attendu de la cérémonie hier étaient basses, et plus il remportait des prix techniques, plus sa non-victoire dans la catégorie « suprême » se confirmait. Néanmoins, l’équipe du film est quand même repartie avec six statuettes, ce qui n’a rien d’une défaite, au contraire.

Le meilleur film
C’est La famille Bélier 2.0 qui a gagné hier soir. Meilleur sur le plan technique que la version française, moins bon sur le plan musical; rien ne bat les chorales de Michel Sardou. CODA, c’est touchant, mais c’est tout. C’est objectivement (ou pas objectivement) choquant que ça ait gagné devant The Power of the Dog, devant Drive My Car et même devant Dune, BelfastWest Side Story ou Licorice Pizza.

Si The Power of the Dog était pressenti par plusieurs pour être le meilleur film, l’espoir s’est fait encore plus grand lorsque Jane Campion a gagné le prix de la meilleure réalisation; la meilleure réalisation et le meilleur film couronnant souvent le.la même gagnant.e. C’est une énorme distinction, mais pas celle que je lui aurais souhaitée. Si Jane Campion avait remporté l’Oscars du meilleur film hier, elle aurait été la troisième femme à rafler cet honneur, ce qu’a été Sian Heder hier.

« Il y aurait beaucoup plus d’histoires dans le monde si les femmes faisaient davantage de films » a dit Jane Campion, et encore plus si on les célébrait.

Meilleur film

  • Belfast
  • Coda
  • Don’t Look Up
  • Drive My Car
  • Dune
  • King Richard
  • Licorice Pizza
  • Nightmare Alley
  • The Power of the Dog
  • West Side Story

Meilleur.e réalisateur.trice

  • Paul Thomas Anderson, Licorice Pizza
  • Kenneth Branagh, Belfast
  • Jane Campion, The Power of the Dog
  • Steven Spielberg, West Side Story
  • Ryusuke Hamaguchi, Drive My Car

Meilleure actrice

  • Jessica Chastain, The Eyes of Tammy Faye
  • Olivia Colman, The Lost Daughter
  • Penelope Cruz, Parallel Mothers
  • Nicole Kidman, Being the Ricardos
  • Kristen Stewart, Spencer

Meilleur acteur

  • Will Smith, King Richard
  • Javier Bardem, Being the Ricardos
  • Benedict Cumberbatch, The Power of the Dog
  • Andrew Garfield, Tick, Tick… Boom!
  • Denzel Washington, The Tragedy of Macbeth

Meilleure actrice dans un second rôle

  • Jessie Buckley, The Lost Daughter
  • Ariana DeBose, West Side Story
  • Judi Dench, Belfast
  • Kirsten Dunst, The Power of the Dog
  • Aunjanue Ellis, King Richard

Meilleur acteur dans un second rôle

  • Ciaran Hinds, Belfast
  • Troy Kotsur, Coda
  • Kodi Smit-McPhee, The Power of the Dog
  • Jesse Plemons, The Power of the Dog
  • J.K. Simmons, Being the Ricardos

Meilleur film d’animation

  • Encanto
  • Flee
  • Luca
  • The Mitchells vs. the Machines
  • Raya and the Last Dragon
Meilleure photographie
  • Dune 
  • Nightmare Alley
  • The Power of the Dog
  • The Tragedy of Macbeth
  • West Side Story

Meilleur documentaire

  • Summer of Soul
  • Flee
  • Attica
  • Ascension
  • Writing With Fire

Meilleur court-métrage documentaire

  • Audible 
  • Lead Home 
  • The Queen of Basketball 
  • Three Songs for Benazir 
  • When We Were Bullies
Meilleur montage
  • Don’t look up
  • Dune
  • King Richard
  • The Power of the Dog
  • Tick, tick… BOOM !

Meilleur film étranger

  • Drive My Car (Japon)
  • Flee (Danemark)
  • La Main de Dieu (Italie)
  • L’école du bout du monde (Bhoutan)
  • Julie (en 12 chapitres) (Norvège)

Meilleure musique originale

  • Don’t Look Up
  • Dune
  • Encanto
  • Parallel Mothers
  • The Power of the Dog

Meilleure chanson originale

  • « Be Alive », King Richard
  • « Dos Oruguitas », Encanto
  • « Down to Joy », Belfast
  • « No time to die », No Time to Die
  • « Somehow you do », Four good days

Meilleurs costumes

  • Cruella
  • Cyrano
  • Dune
  • Nightmare Alley
  • West Side Story

Meilleur scénario original

  • Belfast
  • Don’t Look Up
  • King Richard
  • Licorice Pizza
  • The Worst Person in the World

Meilleur scénario adapté

  • Coda
  • Drive My Car
  • Dune
  • The Lost Daughter
  • The Power of the Dog

Meilleur court-métrage

  • Ala Kachuu – take and run
  • The Dress
  • The long Goodbye
  • On my mind
  • Please Hold

Meilleur court-métrage d’animation

  • Affairs of the art
  • Bestia 
  • Boxballet
  • The Windshield Wiper
  • Robin Robin

Meilleur son

  • Belfast
  • Dune
  • No Time to Die
  • The Power of the Dog
  • West Side Story

Meilleurs décors

  • Dune
  • Nightmare Alley
  • The Power of the Dog
  • The Tragedy of Macbeth
  • West Side Story

Meilleurs coiffures et maquillages 

  • Coming 2 America
  • Cruella
  • Dune
  • The Eyes of Tammy Faye
  • House of Gucci

Meilleurs effets spéciaux

  • Dune
  • Free Guy
  • No Time to Die
  • Shang-Chi
  • Spider-Man : No Way Home
Consulter le magazine