Le Ballet national du Canada était de passage au Grand Théâtre.

Ovation pour le Ballet national du Canada

Celle qui a dansé à Vienne aux côtés de Rudolf Noureev dans le Lac des cygnes, qui a été la muse de Roland Petit et la danseuse étoile du BNC est toujours restée fidèle au Canada. Ayant dansé durant une trentaine d’années, Mme Kain est une force de la nature. Pour ce grand retour dans l’est du pays, ce sont les 24 Préludes de Chopin, chorégraphiés par Marie Chouinard, et Emergence, de Crystal Pite, qui étaient présentés. «J’aimerais pouvoir faire comme avant: un an à l’ouest, un an à l’est», nous confie-t-elle, avant de renchérir que «le Canada anglais ne connaît pas les artistes francophones et vice-versa». Il est donc surprenant de voir cette alliance entre chorégraphes francophones et anglophones.

Dans un tout autre ordre d’idées, elle ne nous cache pas que  «la chose la plus difficile que j’ai eu à faire en tant que directrice artistique a été d’annuler la tournée au Canada à cause de la situation économique mondiale», avant de rajouter que «trouver de l’argent pour concrétiser les projets, c’est difficile». Néanmoins, nous pouvons nous réjouir puisque, grâce à des organisations telles que Danse Danse, leur passage à Québec et à Montréal est possible.

En première partie, Marie Chouinard s’est laissée inspirer par les 24 Préludes de Chopin, tout comme Radiohead et Serge Gainsbourg l’ont fait par le passé. C’est la beauté des corps et des muscles bandés des 17 interprètes qui nous faisaient virevolter dans divers mouvements, non pas sans nous rappeler le vol des papillons. Quant au pianiste, il était irréprochable. Le tout frôlait la perfection. Des illusions d’optique, découpant leurs mouvements en 24 images secondes, ont même été expérimentées, ce qui donnait un résultat très intéressant. Le résultat est un fragile équilibre entre profondeur et légèreté.

En seconde partie, Emergence de Crystal Pite amenait le public dans un univers nettement plus moderne. Cette chorégraphe, dont la renommée n’est plus à faire en Europe, incarne-t-elle l’essence même de l’avenir du ballet? Le décor nous absorbe et joue un rôle prépondérant. Il a d’ailleurs remporté quatre prix Dora Mavor Moore. 38 danseurs ont fait leur entrée en scène tel un essaim de chauves-souris qui ont tôt fait de nous transporter dans un monde industriel. La musique était celle d’une chaîne de montage, d’une ville; un chaos en quelque sorte organisé. Le rythme suivait également celui des grandes métropoles, oubliant de s’arrêter. Tous furent ébahis, comme quoi l’avenir du ballet est peut-être lumineux.

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