Chloé Sainte-Marie présente une exposition hommage à son défunt amoureux, Gilles Carle.

Parce que c’est lui

Installée depuis le 23 novembre dernier au Marché Bonsecours de Montréal, et ce, jusqu’au 1er avril 2011, l’exposition Parce que c’est lui présente des œuvres méconnues de Gilles Carle. «L’exposition s’adresse à tout le monde, que l’on connaisse Gilles Carle ou non, ce n’est pas important. Le soir du vernissage, j’étais chavirée, émue jusqu’aux larmes», confie Chloé Sainte-Marie, jointe par téléphone au lendemain du vernissage.

En toile de fond de l’exposition, «il y a nos meubles de l’Île Verte, du Carré Saint-Louis, de Saint-Paul… notre salon, nos fauteuils. Les gens peuvent s’y asseoir pour prendre un café, boire du vin. Notre ordinateur, notre télévision…on peut toucher les meubles, les objets». À cela s’ajoutent des grands tableaux de six pieds, des photographies et des dessins inspirés de Chloé Sainte-Marie au cours des 30 dernières années.

Le visiteur devient un témoin privilégié de l’intimité du couple. «Il y a des souvenirs de notre première nuit d’amour et aussi des lettres d’amour. On entrait dans l’amour à travers la création. On était ensemble 24 heures par jour», révèle l’artiste québécoise. Cette exposition, Chloé Sainte-Marie et Gilles Carle l’ont élaborée à deux. «Pendant quatre ans, les photos choisies pour l’exposition ont été dans une chambre à Saint-Paul.» Est-ce une façon de faire vivre l’amour au-delà de la mort? «Je ne réalise pas encore qu’il n’est pas là. L’amour grandit après la mort.»

Une tournée québécoise de l’exposition est prévue pour les quatre prochaines années. Cependant, la version présentée au Marché Bonsecours est unique: certains meubles et tableaux, trop grands et difficiles à transporter, ne seront pas déplacés. Il faut donc se rendre à Montréal pour en apprécier la véritable envergure. Un aperçu de quelques photos et dessins est disponible en ligne à l’adresse ParcequeCestLui.com.

Parallèlement à l’exposition, Chloé Sainte-Marie poursuit une tournée de concerts amorcée avec la parution de son nouvel album entièrement en langue innue intitulé Nitshisseniten e tshissenitamin  (Je sais que tu sais). Sur scène, elle nous livre avec une fougueuse sensibilité les poèmes de Philippe McKenzie et de Joséphine Bacon. Accompagnée de deux musiciens et d’images du Grand Nord qui défilent non seulement en arrière plan, mais sur l’artiste elle-même, on ne peut que tomber sous l’emprise d’autant d’énergie vibrante.

Encore là, sur scène, en elle, le souvenir de Gilles Carle est présent plus que jamais. «Gilles, c’est le premier spectacle que je fais sans toi», dit Chloé Sainte-Marie sur scène, nous offrant une prestation des plus émouvantes, porteuse d’une histoire d’art et d’amour qui continue de se dessiner.

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