Pas dans la bergerie, Leloup

Deuxième soirée sur les Plaines d’Abraham mettant en vedette des artistes francophones. C’était un dimanche soir tout québécois que le Festival d’été proposait, avec en point d’orgue le très attendu spectacle de Jean Leloup.

Cyril Schreiber

C’est d’abord la formation sherbrookoise Misteur Valaire qui a ouvert la soirée, faisant danser une foule déjà considérable à 19h30. Les cinq garçons, auxquels se sont greffés quelques invités dont Fanny Bloom, font un électro jazz qui flirte parfois avec la dance et le rap. Dommage que leur musique, aussi dansante soit-elle, soit un peu vide de sens. Certes, ils manient bien les échantillonnages de sons (et d’images), et savent les mélanger efficacement aux cuivres. Certes, les membres de Misteur Valaire sont de très bons et jeunes musiciens qui veulent faire partager leur musique à un plus grand nombre possible, notamment grâce à une certaine forme de gratuité. Mais quand la proposition musicale manque cruellement de substance, sinon celle de faire du bruit et la fête, il y a matière à contestation. C’est peut-être à cause de cela que leur spectacle, qui ressemblait à une longue pièce ininterrompue, a fini par lasser, sans parler des danseuses qui ne servaient pas à grand-chose, sinon entretenir les clichés du genre…

 

 

La barre était haute pour le mythique chanteur québécois Jean Leloup. Après plusieurs frasques au cours des dernières années et un projet qui n’a jamais vraiment décollé (The Last Assassins), son retour à Québec, sur les Plaines d’Abraham, fut très couru… et très réussi. Avec La nuit des confettis, spectacle rock de deux heures dans lequel il n’y a pour ainsi dire que des succès, Jean Leloup enterre définitivement la hache de guerre avec le public de la Vieille-Capitale et prouve qu’il a encore quelque chose à dire, en plus de nous démontrer son riche répertoire.

Relativement conscient et à jeun, Leloup a enchaîné les titres en intervenant très peu entre deux, ce qui n’est pas plus mal. Moins d’improvisations, moins de délires, donc moins de chances de sombrer dans la folie et le chaos : ce soir-là, sur les Plaines, Jean Leloup est redevenu un chanteur « normal », qui a mis de l’avant sa musique, et non une performance scénique discutable.

Entouré de trois musiciens et d’une choriste, le chanteur a peut-être connu quelques ratés au niveau de l’interprétation, mais rien de comparable à certaines représentations antérieures, notamment à Envol et Macadam l’automne dernier. D’Isabelle à Recommencer, en passant par les incontournables La vie est laide, Le monde est à pleurer, Les fourmis, Je joue de la guitare, I lost my baby et combien d’autres, La nuit des confettis n’a pas déçu, et fut la preuve que la folie peut être salvatrice quand elle est douce. Il faut prendre Jean Leloup tel qu’il est, comme un personnage, voire une caricature de lui-même, parfois. Mais ce nouveau spectacle nous rappelle qu’il est avant tout un excellent chanteur et un grand auteur-compositeur-interprète qui aura marqué la chanson québécoise, et cette cuvée 2012 du Festival d’été de Québec. Reste à voir de quoi l’avenir sera fait, et si Leloup sera capable de continuer sur cette bonne voie.

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