Sylvio Arriola a interprété Faust le temps d’une soirée, au Musée national des beaux-arts du Québec, dans un projet théâtral baptisé Pour ne pas

Performance déambulatoire au Musée

Le Théâtre de l’Urd propose une formule hors du commun, dans un lieu non conventionnel. Dans le hall du Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), un cercle naturel de spectateurs se forme autour de la place centrale où l’action semble se préparer. Deux musiciens invités introduisent la soirée et annoncent une expérience qui se veut déjà sensorielle. Peu de temps d’écoule avant que le public s’agite et commence à discuter de ce qui se passe. Lorsque Sylvio Arriola, le comédien qui incarne le personnage de Faust, passe serrer la main à toute l’assistance, il va sans dire que les conversations s’animent et que la fébrilité se fait de plus en plus sentir.

D’abord méfiants mais curieux, les spectateurs semblent peu à peu trouver agréable, bien qu’étrange, le discours et les mimiques du protagoniste. Lorsque celui-ci s’élance d’un pas décidé à travers les couloirs du Musée, c’est sans difficulté qu’il entraîne d’une aile à l’autre un public à l’affût des moindres détails et ouvert à cette déambulation pour le moins spectaculaire. Inspirée de Goethe (Faust I etII), l’expérience qui tient du rituel peut faire penser à un chemin de croix ou à une procession.

Le public cherche peut-être, par moments, à comprendre le message que tentent de transmettre les créateurs à travers cette performance. Mais c’est lorsque l’on reconnaît des personnalités de la communauté théâtrale parmi les spectateurs qu’on comprend qu’il faut certainement avoir un œil averti pour saisir toutes les subtilités qui dictent son sens profond. Tout de même accessible au grand public, la création plaît surtout pour son unicité et la beauté de ses images. Le jeu de Sylvio Arriola n’est pas à remettre en question et il livre là une performance exigeante à bien des niveaux. Physique, psychologique et moralisatrice par moments, son interprétation entraîne le comédien hors de sa zone de confort, repoussant ses limites pour la satisfaction du public avide d’émotions fortes.

La performance n’est pas sans rappeler les Nuits de la création. Encore cette année, l’événement aura lieu au MNBAQ le 25 mars prochain sous le thème de l’engagement. Au sein de la société, l’individu s’engage à plusieurs niveaux et c’est aussi ce qui est traité, en partie, dans ce concept théâtral unique.

Consulter le magazine