Quand Desjardins s’éclate avec l’orchestre

« Je suis né au Nord de Montréal, quelque part dans la forêt boréale », lance l’Abitibien de sa voix rocailleuse, un sourire en coin. Sa voix, ce timbre si particulier qu’on souhaiterait l’entendre au creux de notre oreille avant de dormir. Alors qu’il récite l’histoire d’une Amérindienne, la foule se laisse bercer. La musique de l’orchestre s’élève alors, savamment entremêlée avec la poésie de Richard Desjardins.

Je dois cependant avouer que je préfère Richard Desjardins seul avec sa guitare. La simplicité lui sied mieux. Malgré
tout, l’OSQ a imagé à merveille les compositions du chanteur. Le travail d’arrangement du chef d’orchestre et professeur
au Conservatoire de Trois-Rivières Gilles Bellemare est colossal. Il a su transmette le mordant comme la romance toute simple du Valdorien. Tellement que Desjardins s’est essayé avec quelques pas de danse sur scène.

Desjardins introduit ses chansons avec son patois ponctué d’anglais ( « Honey » est le surnom de sa fiancée, un homme
va à la chasse à la « buck fever » dans sa « watche » ) dans des monologues à la fois comiques et poétiques. Puis, il ferme les yeux et laisse les musiciens commencer. On peut sentir le malaise de Desjardins, plus habitué aux petits groupes qu’aux orchestres symphoniques : les regards jetés au chef d’orchestre pour savoir quand commencer à chanter l’ont trahi.

Malgré tout, l’auteur-compositeur-interprète s’amuse ferme sur scène. Entre une gorgée d’eau et une autre de
vin rouge, Richard Desjardins sourit à l’orchestre dont les musiciens semblent apprécier l’exercice. La salle rigole tout
autant. Comment ne pas s’esclaffer lorsque Desjardins, les yeux moqueurs derrière ses lunettes, lance : « C’est comme
lorsqu’on prend un 45 tours de country gaspésien et qu’on le fait jouer à l’envers : le gars retrouve son job, son char et
sa femme ! »

Richard Desjardins s’est permis de mettre au goût du jour certaines paroles, notamment dans « Le bon gars », où il
fait référence à la commission Bastarache. Étonnamment, Desjardins s’est empêtré dans les paroles de la classique
chanson « Tu m’aimes-tu ? », au grand dam des spectateurs. Néanmoins, simplement pour la divine et puissante interprétation de la chanson « Le saumon » de l’album Kanasuta, le spectacle valait le détour

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