Simpliste, rapide, adolescent

Les adolescents qui s’entassent près de la scène croient être originaux, mais sont des dizaines à porter le même t-shirt d’Anti-Flag sur lequel on peut lire « FUCK POLICE BRUTALITY ». Ils croient être marginaux, mais les lèvres percées d’un côté ou de l’autre sont très nombreuses dans leurs rangs. On est loin de l’uniforme punk porté par les vieux de la vieille qui se tiennent en arrière. Ceux qui ont les bras plus tatoués que tout le monde, qui ont leur bonne vieille veste sur le dos, ceux qui en ont vu d’autres.

Après une balance de son de dernière minute, les Vulgaires Machins embarquent sur scène. Ça fait vraiment plaisir de voir ce
groupe faire dans le punk tout en chantant en français. Les paroles du groupe n’ont rien perdu de leur mordant, les années passées depuis leurs premiers coups de gueule n’ont fait qu’affuter leur sens de la critique. Le tandem Guillaume Beauregard/Marie-Ève Roy fonctionne à merveille, les deux voix se complètent et occupent la majeure partie de l’espace
sonore, pendant que les deux autres membres restent en arrière-plan, sans avoir l’air de s’en plaindre. Les Vulgaires Machins
ont visiblement du plaisir à jouer, un entrain ressenti par la foule, qui réplique en chantant à pleins poumons les paroles des pièces les mieux connues, en se rentrant dedans dans un mosh pit digne des shows de métal les plus cinglés.

Anti-Flag vient clore la soirée. L’énergie brute du groupe est contagieuse. La finesse des paroles et de la musique n’est vraiment pas la force du groupe américain, mais l’abandon total de ses membres, qui se donnent sans réserve, est remarquable. Le chanteur a l’air fatigué. À voir la feuille de route du groupe, ça ne me surprend pas du tout. Des spectateurs
se jettent dans la foule, pendant que le technicien d’Anti-Flag tente sans trop de succès de les chasser de la scène. Une
expérience assez pénible pour plusieurs d’entre eux, qui finissent leur plongeon tête première sur le plancher, la foule n’étant pas assez compacte pour les soutenir.

Les majeurs fendent l’air, les jurons abondent et les musiciens n’hésitent pas à cracher un peu partout, mais j’adore. C’est pur, c’est vivant, c’est rock’n’roll. Après le rappel, je sors dans la rue avec le goût de boire une Colt 45 en lisant du Chomsky, comme dans le bon vieux temps

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