Impact Campus s’est entretenu avec Jean-Nicolas de Surmont, un spécialiste de la chanson québécoise et de sa tradition.

Spécialité: musique québécoise

Celui qui se définit académiquement comme un «électron libre», de par ses passages à l’Université Laval, à Lille, à Paris et à Barcelone ainsi que son rattachement à une équipe basée à l’Université Leeds, fait de la chanson, et plus précisément de la chanson québécoise, son sujet fétiche.

Si l’Histoire de la chanson québécoise est assez bien défrichée, il reste encore beaucoup à faire. «Les faits sont connus», explique M. De Surmont, «mais tous les faits ne sont pas connus. Par exemple, on pourrait explorer la gestion des artistes dans les années 1960. Comment a-t-on médiatisé les artistes à une certaine époque?».

«On va chercher des vérités à gauche et à droite», mentionne-t-il, en parlant de la période du 19e et du début du 20e siècle: par exemple, les enregistrements des artistes ayant précédé Mary Travers, dite la Bolduc, sont rares et peu documentés. «Il n’y a pas eu de nombreux ouvrages», suggère-t-il en expliquant comment il doit se baser sur «les petites vérités que chacun apporte».

Le passage des années a été profitable aux recherches de M. De Surmont: travaillant au départ avec des fiches, il anticipe d’un bon oeil la numérisation progressive de périodiques du 19e siècle, une avancée qui permet de faire progresser la recherche beaucoup plus rapidement et précisément.

Une tradition orale, puis écrite

En remontant encore plus loin, les recherches prouvent que l’Histoire de la chanson québécoise n’est pas nécessairement ce que l’on croit qu’elle est. Il ne faut pas oublier les transitions, par exemple celle des chansons transmises oralement qui ont ensuite été retranscrites, parfois avec certaines modifications au goût du jour, dans des recueils qui ont ensuite servi d’outils éducatifs.

Il ne faut pas oublier, comme il le mentionne dans La poésie vocale et la chanson québécoise, que les chansons disent beaucoup par leur évolution. Par exemple, la classique Un Canadien errant, écrite en 1842, s’est vue attribuer différents airs folkoriques dans des recueils divergents. Ainsi, même l’impression ne fixe pas définitivement les airs québécois. Pour cela, il faudra attendre l’arrivée des enregistrements au 20e siècle.

D’ailleurs, une crise du disque au courant des années 1930 pousse l’auteur à préciser que même si les supports peuvent connaître des périodes houleuses, la chanson en tant que telle n’est pas touchée par de tels chambardements et poursuit son évolution.

Consulter le magazine