Tempêtes familiales

Par un soir de tempête en pleine Fête des Mères, deux sœurs fraîchement orphelines bloquées dans un motel à Laurier-Station, Nathalie et Anne-Sophie, vont régler leurs comptes, en plus de devoir affronter la relation toute particulière que la propriétaire de l’endroit entretient avec sa fille de 15 ans.

Laurier-Station : 1000 répliques pour dire je t’aime, la nouvelle création d’Isabelle Hubert, dramaturge surestimée à Québec, ne réinvente pas la roue du théâtre, exploitant un thème vu mille fois, et remâché ici de manière volontairement réaliste : les protagonistes s’expriment dans un langage parlé qui ne les glorifient en rien et transpire leur misérable condition. Quand elle ne tourne pas autour de gags faciles généralement grivois (ici, la vasectomie est à l’honneur), Hubert tombe dans un sentimentalisme et un didactisme pénible et horripilant, où tout est expliqué et démontré, sans laisser de place à la subtilité.

Côté distribution, ce sont les deux rôles secondaires, ceux qui souffrent en silence, qui se démarquent : Nicolas Létourneau campe un Martin juste et touchant tandis que la jeune Krystel Descary a dévoilé tout le potentiel de son talent, malgré son faible nombre de répliques. Le reste, le trio féminin de tête (Sophie Dion, Véronique Côté et Joëlle Bond) navigue entre la naïveté et l’exubérance, ou pire, l’indifférence complète.

D’un texte moyen, Jean-Sébastien Ouellette en tire une mise en scène classique, où il y a autant de bon que de mauvais : si on se serait bien passé des apartés directs au public, déjà présents dans le texte, venant du personnage d’Anne-Sophie, on salue l’initiative de Ouellette d’inclure des photos et vidéos projetées sur les murs de la chambre. Le metteur en scène a aussi eu la bonne idée d’intégrer le personnage de Martin, mari de Nathalie resté à Rivière-du-Loup, à même la chambre des deux sœurs; un mélange des deux espaces qui prend sur scène tout son sens, où les personnages se frôlent sans se voir. Le seul effet formel et poétique intéressant et un peu original.

Toute la pièce est contenue dans cette phrase du monologue quasi-final, qui représente à elle seule tout le drame de Laurier-Station : « La vie peut être tellement méchante, des fois ! » Ceux qui apprécient l’univers d’Isabelle Hubert seront servis; les autres, découragés d’apprendre que la dramaturge ne s’est pas renouvelée et offre encore un théâtre fort classique et assuré d’un succès populaire.

 

Quoi ?Laurier-Station : 1000 répliques pour dire je t’aime

Qui ?Texte : Isabelle Hubert, mise en scène : Jean-Sébastien Ouellette

Où ?Théâtre Périscope

Quand ?Jusqu’au 26 novembre

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