Tous les visages

Sepsis, la nouvelle création de Christian Lapointe, est divisée en deux parties. Dans la première, on observe une morgue vue d’en haut. À tour de rôle, six tiroirs s’ouvrent, laissent apparaître des cadavres qui nous entretiennent sur leur condition de morts. À chaque ouverture ou fermeture, le spectateur sursaute, surpris. Le principe est intéressant, original, mais lasse au bout d’un certain temps. Les monologues ne sont pas tous égaux, même si très différents. Celui de Sylvio Arriola se distingue des autres, distillant une légère touche d’humour absurde, qui manque cruellement ailleurs.

Dans la deuxième partie, les six mêmes personnages parlent face à la caméra, cachés sous le décor. Séparément, à tour de rôle. Puis ensemble, parfois, ce qui donne une cacophonie douteuse. N’est pas Denis Marleau qui veut. Leur discours est le même que dans la première partie, mais agencé différemment – une histoire surgirait presque. Ce collage original est aussi une bonne idée, puisqu’on assiste à un semblant de début de sens, mais encore une fois poussée à l’extrême, musique en basse fréquence à l’appui. Le spectateur est à nouveau délogé de sa zone de confort. Même l’anti-finale (les acteurs ne viennent pas saluer, restent de leur côté de la clôture) participe à cette expérience théâtrale qui n’est pas faite pour tout le monde. Aride, froid et angoissant, Sepsis parle crument de la mort, la montre tout aussi violemment, sans concession. Un langage théâtral peut-être trop poussé au service d’un sujet traité de manière cependant originale. Sa force en est, quelque part, aussi sa faiblesse, sa contrainte. Sa limite.

Crédit photo : Caroline Senécal

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