La compagnie Dream Team présentait Théâtre sans animaux au Périscope.

Un quatuor mordant

Théâtre sans animaux, pièce mise en scène par Vincent Champoux, fait découvrir à son public l’envers du décor de l’humanité. De façon absurde, l’auteur Jean-Michel Ribbes a souhaité passer un message. L’homme, devenu trop intellectuel, a fini par oublier ses premiers instincts, ses sensations et ses libertés. Il a oublié qu’il était avant tout un animal.

Sept scènes constituent l’œuvre. Bien que les quatre acteurs changent de personnage à chaque scène, ils gardent tous leur propre identité, jusqu’à la conclusion. Que ce soit une fille qui apprend de son père, à l’âge de 18 ans, qu’elle ne s’est jamais appelée Monique, ou deux fonctionnaires qui, à un mètre l’un de l’autre, ne communiquent que par écrit, chaque scène met en situation l’absurdité des moments de tous les jours, dans un contexte où tout serait sans dessus dessous, irréel.

Pourtant, le public ne semble pas perdu pour autant. Il y a une certaine communication non verbale due à la proximité de la scène. Les spectateurs font face à des situations rocambolesques et humoristiques. Cependant, une question reste en suspens: pourquoi appeler la pièce de la sorte alors qu’aucune allusion aux animaux n’est encore faite à la moitié de la représentation?

Dénouement animal

Il faut attendre la scène du musée, où l’absurdité laisse peu à peu la place à l’idiotie humaine, qui à force de travailler son intellect, en oublie la base: ressentir, vivre simplement. À la manière d’une fusillade en improvisation, les acteurs, seuls ou en duos, jouent la scène dans un musée en se questionnant sur des oeuvres, en les interprétant comme la majorité des gens le ferait, de façon banale, sans exception. Ils ne jugent qu’avec leur pensée. Ils en oublient d’être animal, de juger selon leurs instincts, à vif, jusqu’à ce que le dénouement et la remise en question arrivent.

Emmanuel Bédard, Joëlle Bourdon, Chantal Dupuis et Nicolas Létourneau forment ce quatuor percutant. Sensibles, changeants, ils interprètent cette pièce avec humour, en y ajoutant une pointe «grinçante». En 2001, ce texte de Jean-Michel Ribbes a notamment reçu le Molière de la meilleure pièce comique et lui-même (Ribbes), le Molière du meilleur auteur. Dream Team, la compagnie qui met en scène Théâtre sans animaux, a aussi déjà travaillé sur la mise en scène du Dîner de cons et de Variations énigmatiques.

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