Par le Comité Femmes de l’Université Laval
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Plus de 700 agressions sexuelles auraient été rapportées dans les universités et les collèges canadiens entre 2009 et 2013[1]. Quand on sait qu’environ 10% seulement des agressions sont dénoncées[2], il y a certainement lieu de trouver la situation préoccupante. Or, la rentrée scolaire, avec ses initiations et partys de début de session, s’avère être une période particulièrement propice aux abus de pouvoir, aux contacts sexuels sans consentement, aux violences sexistes, au harcèlement, à l’homophobie ou aux agressions sexuelles.
Les initiations universitaires représentent trop souvent une mise en scène dégradante et humiliante, où des initié.e.s sont traité.e.s comme des objets et se sentent obligé.e.s de participer à certaines activités. Or, ces événements reproduisent, sous le couvert du jeu, de l’humour et d’états d’esprit altérés par l’alcool, des rapports de domination, allant jusqu’à encourager ouvertement la violence sexuelle. Nous n’avons qu’à penser à cette fameuse chanson d’initiation du département de droit dénoncée l’année dernière, où les initié.e.s devaient scander des paroles invitant ouvertement au viol. De nombreux incidents de même nature ont également été répertoriés dans plusieurs autres universités canadiennes ces dernières années. Ce genre de situation est inacceptable.
Les initiations sont des moments particulièrement propices aux dérapages, mais ne sont que la pointe de l’iceberg d’un problème que l’on retrouve plus largement en milieu universitaire, désigné sous le nom de culture du viol. La culture du viol fait référence au discours, aux attitudes et aux pratiques qui encouragent la violence et les agressions sexuelles, ainsi que la banalisation et la tolérance qui leur permettent de se reproduire, réduisant les victimes au silence et à la culpabilisation. Cette culture se reproduit de manière sournoise, bien implantée dans les normes d’un système académique traditionnellement masculin. Un regard trop insistant, une blague insidieuse, un geste inapproprié, la persistance d’un flirt non désiré, tout cela participe à la culture du viol, dans un continuum de violence sexuelle. Il faut donc faire l’effort de prendre conscience et surtout de condamner ce genre de pratiques et de discours qui se reproduisent jour après jour dans notre quotidien d’Universitaires.
Nous invitons donc les exécutant.e.s de toutes les associations étudiantes à faire particulièrement attention lors des initiations afin de ne pas encourager des pratiques dégradantes ou à mettre les initié.e.s dans des situations dangereuses, humiliantes ou violentes. Nous invitons également tous les étudiant.e.s à se rappeler ce qu’est le consentement, c’est-à-dire que tout rapport de nature sexuelle doit être approuvé de manière claire et sans l’influence de drogue ou d’alcool. Les seuls rapports acceptables sont ceux consentis de manière éclairée, claire et directe, sans quoi il s’agit d’un crime. Finalement, nous invitons les victimes et les témoins de tout acte violent ou inapproprié à dénoncer les agresseurs. La violence sexuelle en milieu universitaire doit cesser d’être banalisée : nous devons mettre fin à cette tolérance silencieuse qui permet aux agresseurs de s’en sortir indemnes. La culture du viol est au cœur du monologue que le patriarcat tient et entretient sur lui-même. À nous de répliquer!
- Le consentement est un accord mutuel, volontaire et explicite à la pratique d’une activité sexuelle.
- Un silence, un oui sous pression ou un oui présumé n’est pas un consentement.
- La relation de couple ou le flirt n’implique pas un consentement. Celui-ci doit être exprimé de manière explicite.
- Le consentement doit être répété à chaque étape de l’activité sexuelle. Consentir à une pratique ne signifie pas consentir à d’autres gestes de nature différente. Il est tout à fait correct d’être moins à l’aise avec certaines pratiques et de refuser d’y participer.
- Être trop intoxiqué.e pour communiquer explicitement son consentement signifie un non-consentement.
- Toute activité sexuelle effectuée sans le consentement du ou de la partenaire est une agression sexuelle et constitue par conséquent un crime.
[1] CBCNews. Interactive: Campus sexual assaults reports [En ligne], 9 février 2015, http://www.cbc.ca/news/multimedia/interactive-campus-sexual-assault-reports-1.2944538
[2] Fédération des Femmes du Québec, Vers un plan d’action ambitieux pour lutter contre les agressions sexuelles, Mémoire présenté à l’Assemblée nationale, Plan d’action 2008-2013 Agression sexuelle, 16 mars 2015, p.13.