Julien et La grande guignolée des médias 2013

«Habillez-vous comme il faut là», qu’elle nous disait la fille de la Guignolée. «Il va faire frette sur un moyen temps à 7h sur le coin de la rue.» La jeune fille nous disait que l’année d’avant, il y avait des bénévoles qui avaient fini avec les mains bleues et les orteils noirs de frette. Je pense qu’elle voulait surtout pas qu’on choke en plein milieu de la récolte.

Parce que c’était pas n’importe quelle récolte. À l’Halloween c’est moins grave si on arrête après trois coins de rue parce qu’au fond c’est juste pour nous. Si on n’a pas assez de bonbons, on a qu’à s’en mordre les dents et se dire qu’on aurait du continuer plus longtemps. Jeudi passé, si on chokait, c’était pas nous qui allions manquer de sucre dans le sang. Ça serait une famille avec un souper spagatt’ de moins à Noël.

Un peu plus dramatique que d’avoir une KitKat de moins que l’année d’avant…

Tout ça pour dire : jeudi dernier, 5h45, le cadran dont le hurlement semble toujours plus strident quand on n’est pas dépassé le six point point, zéro zéro. Je me lève, je mets mes combines, mes deux paires de bas, j’estime que c’est l’heure des bottes Merrell MÊME si Murphy Cooper haït ça. Et je quitte vers l’autobus. Tellement serré avec mes combines sous mes jeans que j’ai l’air d’avoir fait de la promenade équestre toute la journée de la veille… Pas grave.

La collecte en vaut grandement la peine. Les gens sont gentils en général! Ils donnent des cinq pis des dix. Même une couple de vingt. Les gens se garrochent et nous font de gros signes pour qu’on aille chercher leur argent. «Oui, mais madame, j’ai pas le droit avant que la lumière de piétons soit allumée…

La police nous check pas mal. Si on ne fait pas ça comme ils veulent, on arrête tout! C’est pour notre sécurité, je sais.

Mais la madame de l’autre côté de l’intersection, qui me tendait un cinq dollars…

J’ai regardé le policier dans les yeux avec un regard qui voulait dire : «hey, cinq piastres, c’est un souper spagatt’ pour une famille de cinq. Un paquet de pâtes Catelli pis une sauce en canne, ça fait ben la job quand c’est pas facile…»

J’ai traversé la rue et j’ai ramené le billet de cinq dans ma petite canne. Le policier n’a rien dit.

Donnez généreusement jusqu’au 25 décembre, ou venez porter des denrées non-périssables au local 1244 du pavillon Pollack. J

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