Le phénomène Ahmed Mohamed : Lendemain de controverse

Le 14 septembre dernier, dans un collège du Texas, aux États-Unis, un jeune homme du nom d’Ahmed Mohamed a été intercepté par les autorités après avoir apporté une horloge artisanale à l’école. Très radical, me direz-vous. C’est que le dispositif s’est mis à sonner et a provoqué la peur du professeur et des corps policiers, qui ont cru à l’alerte à la bombe. Ils ont menotté le jeune inventeur.

Les réactions de compassion, probablement dans le but de calmer la controverse nationale, ont fusé d’un peu partout cette semaine. Mark Zuckerberg, créateur de Facebook, s’est dit « enclin à rencontrer Ahmed personnellement », qu’il trouve bien ambitieux et talentueux. Même le président américain Barack Obama y est allé d’une réplique quelque peu politico-stratégique en invitant Ahmed à lui apporter sa création, et en rappelant que « nous devrions tous inspirer plus d’enfants à la science ». Toute une nation s’est indignée sous le mouvement #IStandWithAhmed, créé pour supporter le jeune homme.

La manière plutôt brutale avec laquelle les policiers d’Irving sont intervenus peut clairement être titrée d’« islamophobe ». C’est ce que pensent également plusieurs groupes de pression comme le National Network for Arab American Communities (NNAC). Non seulement l’enseignant qui a paniqué est nourri par un faux discours antimusulman et raciste, mais il fournit également un exemple de distinction sociale à ses élèves. Ce discours de peur, il n’est pas nouveau et est bien ancré dans le souvenir de certains événements. Il faut remonter à la racine du développement d’une angoisse collective.

Au Canada, la peur de l’islam s’est surtout bâtie autour des événements terroristes de Saint-Jean sur Richelieu, en octobre dernier, et d’Ottawa, plus récemment, aux abords du Parlement fédéral. Le projet de loi C-51, déposé par les conservateurs au début de l’année, m’a semblé fixer l’idée d’une peur face à un danger. Adoptée en mai dernier, la loi est venue augmenter les services de renseignements contre la menace terroriste. Cette même idée d’ennemi public envers l’islam est très présente en sol états-unien, où ce même procédé de « surveillance culturelle » un peu ridicule s’opère.

Percevoir le terrorisme de l’État islamique comme une ethnie, une nation ou une culture précise, c’est mal interpréter le groupe en présence. L’idéologie rebelle du changement par la force provient d’une philosophie auxquels seuls certains décident de s’identifier. Il suffit simplement de se rappeler qu’elle n’englobe pas toute une nation et que cette dernière a malgré tout beaucoup à offrir à notre culture. Même si le contexte médiatique actuel peut sembler alarmant, il suffit de regarder autour de soi pour réaliser que l’extraordinaire se trouve partout.

Soutenir Ahmed, c’est le symbole d’un soutien envers le vivre-ensemble de toute une génération, de plus en plus multiculturelle.

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