Un obstacle de trop

Imaginons un monde sans source d’information privilégiée. Un monde où toutes les nouvelles proviendraient directement des relationnistes. Ce serait inacceptable! Et pourtant, c’est ce dont le Québec s’est approché cette semaine.

Si vous étiez sur une autre planète pendant la semaine de mi-session, l’histoire est simple. Le journaliste de La Presse Patrick Lagacé a déclaré avoir été surveillé pendant six mois, de janvier à juillet, par le Service de police de la ville de Montréal (SPVM).

On a  donc appris que des policiers ont eu l’autorisation d’espionner des journalistes. Cette nouvelle a eu l’effet d’une bombe. Et ce n’est pas pour rien. Comment peut-on tolérer que des membres des médias soient surveillés? Notre rôle est bien précis et nous avons déjà suffisamment d’obstacles à contourner pour l’accomplir.

Dans toute société démocratique, les citoyens ont le droit de savoir ce qui les concerne. Souvent, les journalistes doivent creuser les sujets sur lesquels ils travaillent et l’information nécessaire n’est pas publique. C’est là que les informateurs deviennent d’une grande utilité. Continueront-ils de nous parler en sachant qu’ils peuvent désormais être retracés et éventuellement en subir des conséquences?

Géolocalisation autorisée

Dans un texte paru sur le site Internet de son média vendredi dernier, Patrick Lagacé a écrit que le SPVM a eu accès à tous ses numéros de téléphone entrants et sortants, et ce, pendant six mois. Elle a aussi activé à distance une puce de localisation dans son iPhone.

Incroyable qu’une telle chose ait pu être autorisée!

D’autres journalistes ont fait l’objet de surveillance au cours des dernières années par la Sûreté du Québec. Le gouvernement a réagi en créant une commission d’enquête publique. Ce geste était essentiel. Le contraire aurait été un signe d’insouciance vis-à-vis le rôle des médias.

Laissez-moi toutefois douter des résultats de cette commission. Celles des dernières années liées à d’autres domaines n’ont abouti à rien de bien concluant.

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