Est-ce la tempête de neige? Fait-il encore trop froid? Ou est-il est encore trop tôt? Cette semaine, ce sera le début du printemps et pourtant, il n’y a aucun signe d’un mouvement étudiant contestataire de la moindre envergure.

Alors que ce ne sont pas les raisons qui manquent. Le gouvernement s’apprête à faire voter une loi qui réduira la liberté d’expression – le projet de loi 59 –, d’anciens ministres se font arrêter pour corruption… Le tout est traité par notre belle plèbe étudiante de la même façon qu’un alérion devenu aigle nazi, et parfois même avec moins d’égard encore. On fait des « memes », on rigole, on s’outre par statuts Facebook et on reste chez soi.

Pendant ce temps, le gouvernement libéral va de l’avant avec un projet de loi qui, pour une fois, aura su faire l’unanimité… contre lui. Pour lutter contre l’intégrisme, on n’a rien trouvé de mieux que d’instituer un tribunal administratif où d’obscurs Torquemada pourront sonder les reins et les cœurs, décider de ce qui peut être dit puis de sévir en conséquence contre ce qui ne l’est pas.

Une fois n’est pas coutume, je n’ai pas envie de me retenir, d’être contenu et je brise le quatrième mur. Que vous faudra-t-il? Qu’attendez-vous?

L’université est-elle devenue une arrière-boutique remplie de petits commerçants préoccupés de questions de « gros sous »? Est-il possible de réellement se mobiliser pour des principes purs ou n’invoquons-nous ces derniers que pour cacher des réalités purement pécuniaires? Mais après tout, qu’est-ce que la perte du droit de dire quelques mots à quelques endroits? Combien cela pèse-t-il, à combien est-ce évalué… en dollars?

Heureusement, il nous restera toujours assez de liberté pour nous gargariser au sujet de l’accessibilité de nos campus. C’est pratique, nous pourrons mépriser des éléments populaires, gavés de radio populaire, de plus près.

Peut-être est-ce là d’ailleurs que réside le peu d’intérêt que nous portons au projet de loi 59 sur notre/nos campus. Nous pensons tous la même chose. Nous sommes des citoyens du monde, certes, parfois notre gauchisme varie en intensité mais sur le fond, nous sommes tous des gens de bien. Et comme tous les gens de bien… nous nous préoccupons de nos biens. Nos bouches resteront fermées tant que nous n’aurons pas à ouvrir nos portefeuilles.

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