Depuis décembre, une vague de conscientisation s’est levée partout à travers la Russie, avec les plus nombreuses manifestations populaires depuis la chute de l’Union Soviétique. Et pourtant, pour la majorité des Russes, une nouvelle révolution semble encore très loin.

Le bal des sceptiques

 

Mercredi dernier, l’actuel Premier ministre s’est dit prêt à dialoguer directement avec les chefs de l’opposition informelle issues des récents mouvements. L’invitation s’adressait surtout aux fondateurs de la Ligue des Électeurs, le journaliste Dmitry Boukov et l’écrivain Boris Akunin. Cette organisation, qui compte 16 personnalités connues des médias, dit vouloir défendre les prochaines élections présidentielles contre la fraude.
 
Dans un même temps, Poutine a également exprimé sa volonté de prendre ses distances avec le Parti Russie Unie, largement discrédité pour fraude. Ce désir affiché de transparence apparaît cependant comme un sacrifice calculé, surtout dans un contexte où la verticale du pouvoir reste un dictat. Néanmoins, le Président Medvedev a tenu à présenter des réformes en réponse aux demandes de la population, notamment en promettant de réintroduire le choix électoral dans la nomination de gouverneurs. 
 
Le 12 janvier dernier, le site de campagne préélectorale du premier ministre a été mis en activité, proposant aux électeurs d’y inscrire leurs propositions. À peine quelques jours plus tard, la suggestion ayant obtenu la plus grande cote était sa démission pure et simple.
 
Poutine, avertissant qu’il ne prendrait pas part personnellement aux débats de sa propre campagne, a également déclaré publiquement qu’il n’avait pas à son avis d’autre réel candidat que lui-même pour le mois de mars. Étudiante à l’université des Sciences Humaines de Moscou, Macha craint d’être d’accord. « Le problème, c’est qu’en dehors de Poutine, il n’y a personne ». 
 
Les différents partis d’opposition sont très divisés, et d’autant plus enclins à échanger des accusations d’intégrité que tous sont suspectés d’être infiltrés par le Kremlin. De ce fait, la crédibilité de toute alternative est le jeu de débats poignants dans la rue. De son côté, la presse russe se montre très méfiante par rapport aux autres candidats qui se présentent face à Poutine au poste de président. Le milliardaire Mikhail Prokhorov, qui a annoncé sa candidature un peu plus tôt en 2011, fait l’objet d’un scrutinage attentif, car son attachement au milieu des affaires en laisse plus d'un sceptique. 
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