La lumière du lampadaire n’est pas brûlée [Mag | éditorial]

Sans se l’être dit comme ça, je pense que cet automne, à Impact Campus, on a décidé de ne pas flirter avec le cynisme. Je n’irais pas jusqu’à dire que nous mettons un pied dans la marge, mais à tout de moins, nous faisons un pas de côté et regardons les choses passer sans s’y accrocher. Prétentieux sans doute, mais nous avons fait le choix de nous pencher un peu plus du côté de la permanence des choses même si Ferré l’a dit, avec le temps va, tout s’en va, et qu’au final n’y a-t-il pas quelque chose de plus impermanent que les rêves. Après les survivances, place aux rêves et à toutes leurs nuances de clair et de sombre.

Par Emmy Lapointe, rédactrice en chef

Enfance
En faisant une tempête d’idées pour trouver des sujets, je ne sais pas pourquoi, mais tout me ramenait toujours au Petit prince. Poids symbolique énorme, endroit qui existe à peine pour reprendre les mots d’Alessandro Baricco. Histoire que l’on raconte aux enfants pour faire penser les grands. 

Quand j’étais jeune, j’avais la cassette du Petit prince. C’était une voix racleuse qui lisait, ça durait environ une heure. Mon père partait ça en même temps que la veilleuse qui projetait des étoiles dans ma chambre. Je me rendais presque toujours au bout du conte, là où le narrateur dit « Regardez le ciel. Demandez-vous : le mouton oui ou non a-t-il mangé la fleur ? Et vous verrez comme tout change… Et aucune grande personne ne comprendra jamais que ça a tellement d’importance ! » Et comme un glas qui sonne, au moment d’écrire ces lignes, je ne comprends plus pourquoi ça a de l’importance que le mouton ait mangé ou non la rose. 

J’essaie de me rappeler ça s’est passé quand la mort de l’enfance et je ne trouve pas. Je ne sais plus quand j’ai arrêté d’être excitée le 24 décembre, quand j’ai arrêté de vouloir écrire la suite d’Harry Potter, quand j’ai arrêté de descendre à la relâche chez mes grands-parents, quand j’ai arrêté de triper sur Sharkboy ou Peter Pan. Je pense que l’enfance crève au moment où on cesse de vouloir être grand, de jouer à l’adulte. 

Et après
Que reste-t-il du rêve quand on vieillit et qu’on comprend que les rêves s’atteignent rarement et que quand ils s’atteignent, ils le sont à coup de sacrifices et de « travail acharné ». Pas de point d’interrogation, parce que pas de réponse à part celles qu’on a essayées de trouver, dans le magazine, en donnant au mot rêve toutes les autres significations que celle du Petit prince. 

Mais je vous jure que les grandes personnes rêvent elles aussi, seulement, elles le font en plus petites dimensions. Elles rêvent de ne pas vieillir seules, elles rêvent la nuit aux remises de travaux le lendemain, elles rêvent de balcons baignés de soleil et de textos d’amour qui mouillent les yeux.

 

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