Créée en 2014 par les auteur.rices Amélie Dubé et Patrice Cazeault, la journée-événement du 12 août est connue comme étant celle où les acteur.rices de la scène littéraire québécoise s’associent pour promouvoir auprès des lecteur.rices l’achat d’un ouvrage québécois. Que l’on parle de recueils de nouvelles, de poésie, de bandes dessinées, d’essais… L’initiative est une manière d’encourager les lecteur.rices à explorer la littérature d’ici. En ce sens, une partie de l’équipe de rédaction a décidé de se joindre au mouvement pour vous proposer quelques-unes de ses meilleures lectures de l’année.

Par Emmy Lapointe et William Pépin

Mille secrets mille dangers d’Alain Farah (Le Quartanier)

Cette dernière parution d’Alain Farah est sur toute les lèvres depuis bientôt un an. D’ailleurs, la nouvelle vient de tomber : Mille secrets mille dangers aura droit à son adaptation cinématographique par Philippe Falardeau. Cette oeuvre autofictionnelle, teintée d’un parcours initiatique intime et de plusieurs fragments de vie, s’inscrit autour d’un cercle concentrique qu’est la journée du mariage de l’auteur. Le roman charme et bouleverse : il y est notamment question de la maladie, de la famille, de l’adolescence, du deuil, mais surtout de l’amour entre les différents personnages, dont il est difficile d’oublier l’essence, même après plusieurs mois. Pour les intéressé.es, nous avions écrit un billet l’automne dernier qui se trouve juste ici.

Après Céleste de Maude Nepveu-Villeneuve (Ta Mère)

Avec ce roman, Maude Nepveu-Villeneuve traite du parcours le plus tortueux qui soit : le deuil, cette descente aux enfers (dont j’ose à peine imaginer la douleur) qu’est la perte d’un enfant pendant la grossesse jusqu’à cette remontée difficile vers la lumière. L’autrice conjugue à merveille le réalisme cru de la perte avec la magie de la guérison. Malgré les larmes, l’espoir ne nous quitte jamais vraiment. Pour en savoir davantage sur Après Céleste, vous pouvez consulter notre billet sur l’oeuvre en cliquant ici.

Trou l’immortelle de Camille Thibodeau (La Mèche)

Véritable coup de coeur littéraire de l’été 2021, Trou l’immortelle de Camille Thibodeau a su charmer celui qui écrit présentement ces lignes. L’autrice réussit à créer des images jusque-là jamais vues, notamment à l’aide d’une prose à mi-chemin entre âpreté et surréalisme, prose qui mérite d’ailleurs de se laisser savourer une page à la fois. Encore aujourd’hui, alors qu’une année entière me sépare de ma lecture de Trou l’immortelle, je suis toujours convaincu qu’il s’agit d’une grande oeuvre d’une grande autrice. Ouvrez l’oeil : nous n’avons pas fini d’entendre parler de Camille Thibodeau.

Notre texte sur l’oeuvre est juste ici.

Chroniques de jeunesse de Guy Delisle (Éditions Pow Pow)

J’entretiens un rapport très personnel avec ces Chroniques de jeunesse du bédéiste Guy Delisle. Ayant moi-même travaillé dans le quartier Limoilou avec mon père lors de mon premier été en tant que salarié (à l’aube de mes treize ou quatorze ans, je crois), difficile de ne pas me reconnaître dans cette quête vers l’entrée dans la vie adulte. Notre critique de l’époque est juste ici, si jamais ça vous intéresse.

Submersible de Carolanne Foucher (Ta Mère)
Deuxième recueil de poésie de Carolanne Foucher, deuxième grande réussite. Sans surprise, le suicide demeure une question délicate, fascinante un peu, terrifiante, et on en parle rarement bien, souvent trop peu, trop mal, mais Carolanne Foucher a su atteindre cet équilibre fragile. Excessivement percutant, parce que si intime et sincère qu’il n’a d’autres choix que d’ouvrir un dialogue. Les pointes d’humour arrivent toujours juste au moment où on avait besoin de respirer.

Jardin radio de Charlotte Biron (Quartanier)
Premier roman/récit de Charlotte Biron, mais une première oeuvre excessivement aboutie qui n’a, au final, rien d’une première oeuvre si ce n’est de cet aspect un peu mystique. L’écriture de la douleur, contrairement à ce que l’on pourrait penser, se fait assez rare en littérature. Pourtant, la douleur et la maladie qui la porte forcent l’autrice à se mettre hors du monde, forcent le pas de côté, la lenteur et la répétition même si l’on sait qu’on attend d’elle qu’elle continue à habiter le monde. La douleur a ça de particulier, et Charlotte Biron l’écrit bien, il faut être en souffrance pour comprendre la souffrance, parce qu’elle est oubliable même si elle marque le corps et notre rapport avec lui de façon indélébile.

L’habitude des ruines de Marie-Hélène Voyer (LUX)
La destruction par le temps est inévitable, c’est d’une évidence plate, mais ce qu’on laisse se détruire n’a pas un caractère aussi immuable que la destruction elle-même. Le livre de Marie-Hélène Voyer pose cette question du rapport étrange qu’on a comme société à délaisser son patrimoine architectural et à littéralement s’habituer à la destruction, à n’accorder peu, voire pas d’importance à ce qui a été. Marie-Hélène Voyer, dans L’habitude des ruines, réussit à allier poésie, sensibilité et rigueur intellectuelle. L’usage des citations est toujours juste et en cohérence avec le dessein du livre : dialoguer avec ce qui a été et éventuellement avec ce qui sera.

 

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