Bardot, notre rayon de soleil

Non au massacre des bébés! Opposez-vous à la souffrance causée par les barbares de la côte est-canadienne. Tels de cruels Vikings sanguinaires, ils broient à coups de maillet des têtes de bébés. Ils font gicler le sang sur la banquise avec l’ambition de peindre l’horizon glacé aux couleurs de leur démentiel appétit de chair crue.

Bébé phoque, petit être pur, symbole de l’harmonie terrestre et de la paix sur la terre comme au ciel, ne t’inquiète pas pour ta survie. Dans la noirceur, une reine de lumière est là pour te défendre. Un ravissant visage au relief de pâte à tarte feuilletée se lève comme une aurore et les rayons de sa sagesse éclairent les nations. Ambassadrice de ta noble cause, elle tente de convaincre les suzerains d’outre-mer de la cruauté du sort que nous te réservons sur nos banquises. Brigitte Bardot, ton nom résonne dans le panthéon des divinités. Ta surhumaine aptitude à transformer la vérité et à disséminer ta propagande frauduleuse au nom de ton émotionnelle conception de la beauté font de toi un être surnaturel.

Taisons le fait qu’on ne dit pas un bébé phoque, mais un blanchon. Les poussins, veaux, chenilles et pourceaux ne sont que de vils rejetons qui ne méritent pas comme toi, petit blanchon, le nom de bébé. Il ne faut pas dire que ta chasse est interdite depuis longtemps et que ce ne sont que tes parents qui sont chassés. Même si tous les rapports de vétérinaires indépendants affirment que la manière actuelle de te chasser est la moins cruelle, il faut dénoncer les brigands canadiens. Le bâton, le maillet et la matraque sont les symboles de la persécution et de la répression policière. Agapik, gourdin ancestral des Inuits, nous ne voulons pas savoir que tu tues instantanément ta proie en t’abattant sur le fragile crâne de nos protégés.

Ô toi, phoque, puisse Brigitte Bardot déverser en ton nom ses larmes sur les civilisations. Ne nous préoccupons pas des morues, créatures sans âme. Nous voulons ignorer que ta prédation figurerait parmi les principales causes du déclin des stocks de cet exécrable poisson. Nous voulons ignorer aussi les familles et les hommes qui vivent de ta chasse depuis des générations. Ils n’ont pas les mêmes droits que les nobles abatteurs de porc ou les pêcheurs de crabe, car eux purifient la terre de la laideur, pour notre délice. Même si ta population a triplé dans les dernières décennies et que des groupes environnementaux appuient ta chasse, il faut arrêter le carnage.

Brigitte Bardot, merci de nous purifier. Nous, Canadiens, méritons le portrait que tu dresses aux yeux du monde. Merci à tes amis vedettes, Paul McCartney et compagnie, pour leur soutien. Devant le regard furieux et dégoûté des gens que tu as bernés, nous allons expier nos crimes.

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