Parlons chiffres. Vu que: 1. ça se manipule comme on veut et 2. les statistiques sont en voie de disparition. Alors, 3. profitons-en pendant que ça existe encore.

Secret de polichinelle

Parlons chiffres donc, mais pas n’importe lesquels. Le Devoir a publié la fin de semaine dernière les résultats d’un sondage réalisé par Senegris sur l’état de l’économie québécoise vu par les citoyens, faut-il le préciser. En grand titre, 81 % des Québécois se disent «préoccupés» par l’économie de la province. Méconnaissance ou lassitude face à un des seuls pouvoirs que détient notre gouvernement envers ses citoyens, le fameux «pouvoir de dépenser» qui revient aussi à un pouvoir de «piocher dans nos poches». Près du cinquième de la population n’est pas inquiet. Tout va bien dans le meilleur des mondes.
Autre chiffre, autre approche. Parmi ces 81%, 36% d’entre eux ont affirmé avoir déjà réduit leurs dépenses. J’aimerais bien réduire mes dépenses pas vous ? En arrivant à l’université, j’ai dû couper à quelques endroits: transport, sorties, nourriture, etc. Et plus récemment, cigarettes. Après tout ça, il ne reste que des vendredis soirs plus monotones et des kilos de spaghettis. Mais de là à pouvoir réellement couper dans les dépenses ? Pas sûre. Si 29% des personnes sondées par Senegris ont effectivement réduit leurs dépenses, comment se fait-il que la population s’endette de plus en plus ? Que la consommation des ménages soit toujours supérieure au revenu personnel (de 0,7% en 2010 selon l’Institut de la Statistique du Québec) ? Le voeu pieux a le mérite d’être formulé. Mais à la vue des revendications sociales, depuis, admettons, avant ma naissance, les demandes formulées le sont pour une augmentation des revenus et non à une baisse des coûts. Se cacher la tête dans le sable en affirmant haut et fort que «Oui ! Nous pouvons !» ne plus rien dépenser ne tiendra la route qu’un temps. Disons jusqu’à Noël. Et encore.

Écrit sur Everybody Knows de Concrete Blonde

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