Ne pas se retourner

J’essaie d’écrire ma chronique, mais je ne suis pas capable. Dans la pièce d’à côté, il y a Marie-Mai qui gueule, du monde qui braille, des faux compliments lancés à l’aveuglette. Il y a Jean-Pierre Ferland qui cruise et du mélodrame à couper au couteau.

En gros, dans la pièce d’à côté, il y a La Voix.

Oui, je sais, l’émission est diffusée depuis déjà un mois. J’ai eu le
temps d’y réagir plus qu’une fois depuis l’ouverture de la saison, mais c’est maintenant que je le fais.

Maintenant, parce que le programme animé par Charles Lafortune semble désormais bien ancré dans la routine hebdomadaire des Québécois. Collectivement, on s’est bien enduit du concept pseudo-émouvant et l’ingrédient actif a fait son effet. La Voix fait parler d’elle-même.

On finit même par l’écouter. Par curiosité. Je confesse. Et est-ce qu’on y revient? Je présume que ça dépend de notre tolérance au lourd. Dans mon cas, mon seuil n’est pas très élevé. Je n’y reviendrai pas. Cela dit, beaucoup semblent apprécier le délicat concept.

Quatre juges qui choisissent des concurrents à l’aveugle en se fiant uniquement à leur voix, c’est plutôt original. Ce qui sonne faux, c’est tout le reste. La manie de présenter chaque parti-cipant comme la dernière des victimes (sans oublier l’habillage sonore larmoyant), la volonté de sortir les violons à la pre-mière occasion, la tendance à vouloir glorifier tout un chacun, qu’ils aient du talent ou non. Tout ça, ça pèse plutôt vite sur le gros nerf.

Pourquoi est-ce que les cotes d’écoute sont encore au rendez-vous un mois plus tard? Je n’en ai pas la moindre idée. Peut-être bien que c’est ici que la pseudo-maxime « plus c’est gros, plus ça passe » prend tout son sens.


Orange Cheetos

C’est cette semaine qu’entrait en vigueur la loi qui interdit aux mi-neurs le bronzage en salon. Bravo! En voilà une bonne décision du Ministère de la Santé.

Les adeptes du teint basané devront donc attendre 18 ans avant de mettre leur avenir cutané en péril. Les études démontrent depuis des lustres l’influence nocive du bronzage artificiel, il était donc temps que le gouvernement légifère. Du moins pour les jeunes.

D’ailleurs, il est surprenant de voir comment certaines personnes is-sues d’une société obsédée par le cancer peuvent encore s’adonner à de telles pratiques de façon régulière. À la limite, la cigarette cause une dépendance. Pour ce qui est de se faire cuire aux rayons ultraviolets, c’est autre chose.
Un beau tan, est-ce que ça vaut un cancer de la peau? Poser la question, c’est y répondre.

Raphaël Lavoie

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