Vous êtes-vous déjà demandé ce qui différencie un sportif performant d’un autre? La volonté? Une bonne attitude mentale? Beaucoup d’entraînement? L’argent? Et si la génétique avait quelque chose à y voir? Et si ce n’était pas une coïncidence que plusieurs champions de sprint olympique soient de la Jamaïque ou du Kenya? On aimerait bien que tous les athlètes partent sur un pied d’égalité. Mais nous savons tous que les grands sont favorisés pour jouer au basket-ball et que les personnes menues ont plus de chance de performer en gymnastique. Les gènes apportent certainement plusieurs réponses concernant la réussite sportive qu’ils expliquent la constitution corporelle ou l’existence d’une protéine… olympique.

Cette théorie des gènes a été particulièrement étudiée au cours de la dernière décennie. Le Dr Errol Morrison de l’Université de Kingston, en collaboration avec des équipes de l’University of West Indies et de l’Université de Glasgow, a comparé l’ADN d’individus provenant de partout autour du monde avec celui d’athlètes de haut niveau. Les chercheurs ont découvert qu’une protéine, l’alpha-actinin-3 provenant du gène ACTN3, est exprimée chez la plupart des sprinters. Cette protéine entre dans la composition des fibres musculaires qui permettent la contraction. Elle serait très utile lors du coup de départ qui doit être explosif chez les coureurs tout comme chez les cyclistes. L’étude a également révélé que 70% des Jamaïcains expriment l’alpha-actinin-3 contre 30% des Australiens ce qui expliquerait peut-être pourquoi ce pays, qui ne compte que trois millions d’habitants renferme autant de sprinters. Cette molécule serait également plus souvent retrouvée au sein de la population africaine.

L’équipe du Dre Kathryne North de l’Université de Sydney s’est également intéressé au produit du gène ACTN3. Leurs travaux démontrent qu’il existe deux formes du gène. La première, appelons-la R755X, est la forme étudiée par le Dr Morisson. Une seconde forme, 755XX, est retrouvée chez les gens déficients en alpha-actinin-3. Cette absence permettrait certains avantages dont celui de pouvoir courir plus longtemps sans se fatiguer. La déficience de cette protéine serait donc très utile dans les sports d’endurance de longue haleine. L’absence d’alpha-actinin-3 ne signifie donc pas que le muscle a un problème ou qu’il est malade. La présence de la protéine dans les muscles serait utile aux sprinters alors que son manque contribue à la performance des marathoniens.

Les chercheurs associent l’existence de cette protéine à la sélection naturelle. Les individus habitant les régions plus froides auraient laissé tomber la fonction de la protéine alpha-actinin-3 lors de leur migration et auraient donc plus d’endurance face à ces environnements hostiles. Ceci expliquerait pourquoi, les Africains par exemple, exprimeraient cette protéine qui leur permet d’être des sprinters hors pairs. Mais attention! Ce n’est sans doute pas si simple et plusieurs autres gènes et facteurs sont certainement impliqués dans la fabrication de l’athlète parfait!
 

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