Une industrie en explosion

À l’heure actuelle, en Alberta, plus de 1,3 million de barils (un baril équivaut à 159 litres) de pétrole sont extraits chaque jour des sables bitumineux, qui gisent au beau milieu de la forêt boréale. Près de 170 000 personnes travaillent à extraire le liquide visqueux, qui est répudié par des millions de personnes dans le monde. Le gouvernement de l’Alberta espère qu’un jour 315 milliards de barils pourront être extraits des sables si les prix du pétrole et la technologie le permettent. Pour l’instant «seulement» 174 milliards de barils sont exploitables, ce qui classe le Canada deuxième derrière l’Arabie Saoudite pour les réserves de pétrole. Les pétrolières n’ont, pour l’instant, exploité que 2% de cette réserve.

Les pétrolières ne freineront pas leur ascension, selon le National Geographic, qui a publié un dossier de 24 pages sur le sujet dans son édition de mars 2009. Elles prévoient un investissement futur de 100 G$ qui fera doubler la production d’ici 2015.

Des tonnes de CO2
Le pétrole contenu dans les sables est appelé «bitume». Selon le site internet de Greenpeace Canada, sa viscosité est supérieure à tous les autres types de pétrole, tout comme le coût énergétique pour son raffinage.

Les sables sont la première source de pollution contribuant aux changements climatiques avec des émissions de 40 millions de tonnes de CO2 par année, toujours selon Greenpeace. L’organisme croit même qu’elles doubleront aux alentours de 2011. Mais selon Alberta Environment, les sables bitumineux ne seraient que de 15 à 40 % plus sales que le pétrole conventionnel. La plus grande partie des émissions de CO2 des sables proviendrait des échappements des voitures, selon le gouvernement albertain.

Le professeur Fritz Neuweiler, du Département de géologie de l’Université Laval, est spécialiste de la géologie du pétrole. Selon lui, il faut seulement interpréter le problème objectivement. «Il faut savoir si le gouvernement travaille à réduire les émissions totales en réduisant les émissions des autres, sources de CO2», croit-il. En effet, le gouvernement albertain dit s’engager en 2050 à stabiliser les émissions de CO2 de la province à 15% sous celles de 2005. Cette réduction correspondrait à enlever 42 millions d’automobiles des routes. Cette cible sera atteinte grâce à un investissement de
1,5 G$ dans le développement de la séquestration géologique du dioxyde de carbone, une technique qui consiste à enfouir le CO2 dans le sol.

Greenpeace juge qu’il s’agit d’une «fausse solution», puisque le développement de la séquestration géologique du CO2 est extrêmement cher et n’est pas véritablement une solution verte. «Les sommes allouées devraient plutôt être investies dans l’industrie des énergies vertes», ajoute Greenpeace.

L’industrie des sables bitumineux en chiffres

1 700 milliards de barils de pétrole sont en réserve en Alberta.
174 milliards de barils sont aujourd’hui exploitables.
300 milliards de barils seront un jour exploitables.
138 000 km2 de superficie sont couverts par les sables bitumineux.
130 km2 est la superficie totale des réservoirs d’eau contaminée.
3 millions de foyers qui pourraient être chauffés par le gaz naturel utilisé.

Chaque jour…
1,3 million de barils sont produits.
Plus d’un million de tonnes de sables bitumineux sont transportées.
9,2 milliards de litres de gaz naturel sont brûlés.
200 000 tonnes d’eau produisent du bitume (pétrole).
SOURCES : Alberta Environment et National Geographic
 

Consulter le magazine