Astrophysique millimétrique

Il n’y a même pas 100 ans, Edwin Hubble, aujourd’hui célèbre pour le télescope spatial qui porte son nom, faisait une découverte sensationnelle. Les étranges nuages aperçus par les astronomes étaient en fait des univers-îles : des galaxies situées bien plus loin que ce que l’on pouvait s’imaginer à l’époque. Depuis, grâce aux observations d’astronomes utilisant des télescopes toujours plus performants, ces galaxies nous sont devenues familières.

Un peu comme un biologiste s’infiltrant parmi les loups, les astronomes ont appris à analyser le comportement de ces étranges objets spatiaux et à les classifier en diverses espèces selon leurs formes. Mais, contrairement aux zoologues, il est beaucoup plus difficile de s’approcher d’une galaxie que d’un mammifère! Puisque la lumière voyage à une vitesse qui n’est pas infinie, regarder loin, c’est aussi regarder dans le passé, ce qui explique l’intérêt pour des télescopes toujours plus grands.

Mais, voir grand n’est pas tout, encore faut-il regarder la bonne couleur. En effet, ce même Hubble a aussi découvert que l’Univers était en expansion. Cette expansion a pour effet de modifier la lumière durant le voyage qu’elle effectue entre la galaxie observée et son observateur. Plus la galaxie est loin – et vieille ne l’oublions pas – et plus la lumière elle-même aura été allongée vers des longueurs d’ondes qui sont invisibles à l’œil nu; d’où l’utilité d’observer avec des télescopes pouvant apercevoir ce genre de lumière. C’est justement ce que vise le Large Millimeter Telescope, qui sera opérationnel dès la fin de l’année.

Selon ce qu’on peut lire sur le site Internet officiel du projet, le télescope servira principalement à explorer les galaxies lointaines, mais aussi à explorer les confins de notre système solaire et les grands nuages de gaz qui constituent la galaxie dans laquelle se trouve la Terre. Située sur le volcan Sierra Negra, à tout près de 4600 mètres d’altitude, l’antenne de cinquante mètres d’envergure deviendra la propriété du Mexique – par le biais de l’Institut d’astrophysique, d’optique et d’électronique du Mexique – et des États-Unis.

Le Canada n’aura donc pas accès à ce télescope en théorie. Par contre, le LMT sera bientôt dépassé par un télescope encore plus gigantesque et appartenant en partie au Canada, cette fois. Le télescope ALMA sera mis en service d’ici les prochaines années, et la communauté astronomique l’attend avec tout autant d’impatience.
 

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