Cap sur les oasis de l\’Arctique

Les polynies sont des zones spécifiques aux mers glacées. Malgré les conditions extrêmes, elles demeurent libres de glace, ou bien sont seulement recouvertes d’une fine couche à l’année longue, tandis que les régions qui les entourent sont plutôt nappées d’imposantes masses de glace. Ce phénomène intrigant a donc poussé les scientifiques de l’Amundsen à échantillonner dans ces zones au cours de la mission en 2010.

La plus grande polynie de l’Arctique est celle des Eaux du Nord, qui peut s’étendre sur une superficie allant jusqu’à 50 000 km². De nombreux spécialistes pointent cet écosystème comme le plus productif au nord du cercle arctique.

En effet, la faible présence de glaces caractéristique aux polynies induit un microclimat plus doux. Également, la lumière peut aisément pénétrer dans l’eau, ce qui facilite la production végétale. Du coup, plusieurs espèces d’oiseaux et de mammifères marins profitent de ces zones pour se nourrir, s’accoupler, frayer et passer l’hiver. Il s’agit donc souvent des écosystèmes d’une importance écologique cruciale.

Secrets de glace
Par-dessus tout, ce sont les polynies qui révéleront en premier les secrets sur l’avenir des pôles. Du fait de leur nature exclusive, elles pourraient donner un aperçu tangible de l’impact du réchauffement climatique en Arctique. En effet, ce sont les premiers écosystèmes à répondre aux pressions anthropogéniques en territoire polaire; la polynie des Eaux du Nord ayant déjà commencé à se transformer. Plusieurs spécialistes les considèrent donc comme des indicateurs de changements à plus grande échelle.

Récemment, le réseau NOW (North Water Polynya Study), dirigé par Louis Fortier, océanographe et biologiste marin à l’Université Laval, avait justement pour objectif la recherche sur la polynie des Eaux du Nord, dans le cadre de missions à bord du brise-glace Amundsen. Par ailleurs, plusieurs scientifiques canadiens se penchent actuellement sur l’étude de ces oasis polaires, dont David G. Barber, du département de géographie de l’Université du Manitoba, également auteur d’un livre sur le sujet. Les mystérieuses polynies et les informations incontournables qu’elles pourraient révéler sur l’avenir de l’Arctique constituent donc un terrain de recherche prisé par les scientifiques.

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