De l’Université Laval à l’espace?

Deux diplômés de l’Université Laval, François Lewis et James Veilleux, figurent parmi la liste des 70 aspirants astronautes de l’Agence spatiale canadienne. Portrait du parcours de l’un d’eux, James Veilleux, détenteur d’un Baccalauréat en génie informatique et d’une Maîtrise en génie électrique.

Initialement, ils étaient près de 3800 candidats. Aujourd’hui, il n’en reste plus que 70. Parmi ceux-ci, on retrouve James Veilleux, originaire de Notre-Dame-des-Pins. Ce dernier peine à croire qu’il est toujours dans la course.

« Ce que ça montre, c’est que, pour les gens qui mettent des efforts et qui veulent travailler fort, tout est possible, affirme-t-il. Il faut seulement suivre ce qu’on veut faire. On voit que c’est ouvert à tout le monde, c’est ça qui est le fun d’une campagne comme celle-là. Ce n’est pas réservé qu’à quelques personnes. »

Ingénieur système chez ABB, il confie que de devenir astronaute est tout simplement l’emploi le plus attrayant auquel il pouvait aspirer dans sa carrière.

« Quand on sait la quantité de gens choisis, on ne se dit pas qu’on va faire notre carrière en fonction de devenir astronaute. Mais, c’est toujours quelque chose qu’on garde en tête, à l’arrière de notre pensée », admet James Veilleux, conscient de la chance qu’il a d’avoir été retenu.

Le bon moment

Le Beauceron explique que l’Agence spatiale canadienne déclenche en moyenne une fois tous les dix ans un processus de sélection de nouveaux astronautes. Bien qu’il n’existe pas officiellement d’âge maximal, à 36 ans, James estime qu’il ne dispose que d’une chance pour aspirer à ce poste. « C’est le comité de sélection qui décide, mais je crois que c’est pas mal maintenant ma chance », analyse-t-il.

Peu importe où se terminera son parcours, le diplômé de l’Université Laval se dit serein et totalement comblé par son expérience, qu’il qualifie d’exceptionnelle. « Je vais avoir des histoires à raconter à ma famille, à mes amis, à mes collègues et, bien entendu, à la communauté si elle veut l’entendre. On ne peut pas être déçu quand on est rendu à ce stade-là », explique-t-il.

Dès le départ, il était clair pour lui que le résultat importait peu. Ce qu’il souhaitait, c’était tout simplement de participer aux épreuves de sélection et de pouvoir se comparer aux autres scientifiques.

Une étape à la fois

James Veilleux se rapproche de plus en plus de son rêve. Jusqu’à présent, il a passé de multiples examens écrits et médicaux. Le détenteur d’une maîtrise en génie électrique ne cache pas qu’il lui reste encore de nombreuses épreuves à franchir d’ici le mois d’août, moment où l’identité des deux aspirants astronautes sera révélée par l’Agence spatiale canadienne.

« C’est quelque chose qui est encore un peu loin, a-t-il lancé lorsque questionné sur la suite du processus. Il y a des gens qui vont être coupés graduellement tout au long des prochaines étapes. Ça commence à être une réalité potentielle, mais on prend ça une journée à la fois. »

S’il arrive au terme du processus, James est conscient que son entourage devra faire certains sacrifices. Le premier d’entre eux sera de déménager à Houston, au Texas, où se trouve le centre d’entraînement des astronautes américains, canadiens et japonais.

« C’est mis au clair, dès le début, que la personne qui a l’emploi doit déménager à Houston. Il n’existe pas d’autres possibilités de localisation. »

Il assure que son entourage le soutient dans cette aventure et qu’il n’y voit aucun problème. « Je leur en ai parlé, c’est une chose qui peut arriver, mais c’est comme un autre déménagement que les gens peuvent faire dans le cadre de leur travail. J’ai un garçon qui est à l’école donc c’est certain que c’est un sacrifice, mais, d’un autre côté, ça va leur donner la chance d’apprendre l’anglais et de vivre une belle expérience », soutient-il.

Ses enfants, âgés de 3, 5 et 7 ans, sont bien excités à l’idée de voir leur papa devenir astronaute. « À ces âges-là, c’est un peu magique. Si je leur disais que je vais devenir pompier, policier ou astronaute, c’est pas mal la même chose. Papa va tout simplement monter dans une fusée. À cet âge-là, on ne voit pas tout ce que ça implique. »

Passionné de longue date

Son amour pour la science ne date pas d’hier. Depuis qu’il est tout petit, James Veilleux se passionne pour ce domaine. Son rêve de devenir astronaute, lui, est un peu plus récent. C’est un documentaire sur la sélection de 1992, celle de Chris Hadfield et de Julie Payette, qui lui a donné le goût d’exercer un jour ce métier non conventionnel.

« Ce qui m’impressionnait, c’était leur travail. Par exemple, Julie Payette avait des études en génie électrique comme moi. Il y en avait qui avaient des études en robotique et d’autres qui étaient médecin ou pilote. C’est un peu tous ces métiers-là qui m’on fait aller vers les sciences et le génie », raconte-t-il.

Emploi connexe

Son métier, ingénieur système, bien qu’il ne lui permette pas de monter dans une fusée ou de revêtir une combinaison spatiale, comporte certaines similitudes avec celui d’astronaute. « Je travaille en étroite collaboration avec des scientifiques pour définir ce qu’un instrument peut faire. Je dirige et définis également le travail d’ingénieurs spécialisés dans des domaines comme l’électronique, l’optique et la mécanique tout au long de l’exécution du projet », peut-on lire dans son profil personnel sur le site Web de l’Agence spatiale canadienne.

De plus, dans le cadre de son travail, James est amené à développer des collaborations internationales. En effet, ABB travaille de concert entre autres avec l’Agence spatiale japonaise depuis près de dix ans. En raison de l’aspect multiculturel de la station spatiale, il est primordial, à ses yeux, d’être en mesure de collaborer malgré les différences.

Selon lui, l’un des plus gros défis qu’il aura à surmonter s’il déménage à Houston sera justement d’apprendre le russe. « Je n’ai pas de base en russe donc c’est un défi. Ce n’est pas tous les gens qui trouvent ça facile, c’est un nouvel alphabet, une prononciation à laquelle on n’est pas habitué. »

Devenir pilote et apprendre le fonctionnement de toutes sortes de systèmes qu’il n’a jamais utilisé ne seront pas non plus chose facile pour l’ingénieur.

À la conquête de l’Univers

Ce que l’avenir en exploration spatiale nous réserve, personne en est certain. Ce dont James Veilleux est sûr, c’est que les Américains, avec qui l’Agence spatiale canadienne collabore étroitement, ont de grands projets à venir dans les prochaines années. « Probablement un retour, sur la lune je ne sais pas, mais autour c’est certain. On parle aussi d’aller sur un astéroïde, donc de diriger la nouvelle capsule Orion vers un astéroïde pour que des gens puissent aller prendre des échantillons. »

Bien que le programme canadien ne dispose pas d’un budget aussi majeur que celui de nos voisins du sud, le diplômé de l’Université Laval assure que le savoir-faire est tout aussi important.

Les deux candidats sélectionnés feront leur entrée au centre de formation en même temps que les aspirants américains. Une chance inouïe, selon James Veilleux.

Consulter le magazine