D’emblée, la maladie de Parkinson évoque les tremblements incessants. Pourtant, il semblerait que cette maladie neurodégénérative entraîne aussi des troubles langagiers tels que la compréhension des métaphores.

Et si la maladie de Parkinson engendrait aussi des troubles du langage…

D’emblée, la maladie de Parkinson évoque les tremblements incessants. Pourtant, il semblerait que cette maladie neurodégénérative entraîne aussi des troubles langagiers tels que la compréhension des métaphores. Et si on tentait de comprendre cela et de trouver un traitement ? C’est ce que tente de réaliser Christina Tremblay, étudiante au Doctorat en Médecine expérimentale à l’université Laval.

Anne Lafay

Science Daily - traitement par stimulation cérébrale profondeChristina Tremblay, diplômée d’une maîtrise en neurobiologie, travaille à propos de l’évaluation et du traitement des troubles langagiers dans la maladie de Parkinson sous la codirection de Laura Monetta, de Joël Macoir et de Cyril Schneider au laboratoire « Parole, Langage, Cognition », dirigé par Joël Macoir au Centre de Recherche de l’Institut Universitaire en Santé Mentale de Québec ( CRIUSMQ ).

La maladie de Parkinson touche environ 100 000 personnes au Canada, et approximativement 25 000 personnes dans la province du Québec. Il s’agit d’une maladie neurodégénérative caractérisée par un dysfonctionnement cérébral (   perte de neurones et manque de dopamine  ) des ganglions de la base, qui apparait généralement entre 50 et 80 ans. Cette maladie est généralement connue pour ses symptômes moteurs tels que les tremblements au repos, la rigidité musculaire, ou encore l’instabilité posturale. Toutefois, elle engendre également d’autres troubles moins connus comme des déficits psychiatriques (ex. dépression, apathie) et des déficits cognitifs (déficits de mémoire ; déficits d’orientation visuospatiale ; déficits des fonctions exécutives telles que l’inhibition, la planification, la flexibilité mentale ; déficits de langage de production
et de compréhension ).

 

Le premier projet doctoral de Christina Tremblay visait à évaluer les troubles du langage d’une vingtaine de personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Les résultats révèlent alors que ces personnes présentent effectivement une lenteur par rapport à leurs pairs sains dans des tâches d’associations sémantiques (par exemple, accepter l’association « marteau-clou » et rejeter l’association « baleine-chapeau » ), et des difficultés à comprendre le langage élaboré tel que les métaphores ( par exemple, comprendre « ces mannequins sont des cure-dents » ou « ces espions sont des renards » ).

Les deux autres projets doctoraux de Christina Tremblay sont axés sur la remédiation de ces troubles du langage mis en évidence dans la maladie de Parkinson. Il existe actuellement des traitements pharmaceutiques reconnus pour leurs effets sur les troubles moteurs de la maladie, mais controversés par rapport à de ses effets sur la cognition et le langage. Le projet de Mme Tremblay porte ainsi sur l’évaluation des effets de deux nouvelles méthodes thérapeutiques sur les déficits linguistiques observés chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson : la stimulation cérébrale profonde ( ou DBS, abréviation de l’anglais « Deep Brain Stimulation » ), qui consiste en l’implantation d’électrodes dans des parties cérébrales précises pour inhiber des neurones suractivés dans la maladie de Parkinson ; et la stimulation magnétique transcrânienne, qui consiste en la production d’un champ magnétique en mesure d’induire un courant électrique intracrânien afin d’activer ou d’inhiber des neurones. Pour cela, Christina Tremblay projette de tester les effets de ces traitements sur une dizaine de participants atteints de la maladie de Parkinson avec un ensemble de tâches linguistiques. Nous attendons donc les résultats avec impatience. Le projet doctoral de Christina Tremblay est d’envergure et aura très certainement des retombées importantes dans la prise en compte et le traitement des troubles langagiers dans la maladie
de Parkinson.

 

 

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