Normand Voyer, directeur du Département de chimie de l’Université Laval, est catégorique: l’amour, c’est chimique! C’est ce qu’il démontre dans sa conférence La chimie de l’amour qu’il a présenté pour la 107e fois vendredi dernier.

La phénétylamine, la molécule de l’amour

 

«C’est impossible de contrecarrer les effets des molécules de l’amour. Lorsqu’on tombe amoureux, on ne peut rien y faire», explique le professeur Voyer avec assurance. Cupidon est donc une molécule: la phénétylamine (PEA). Il s’agit d’une amphétamine, un stimulant produit par le cerveau qui procure une sensation intense de bien-être. «Plus rien n’est grave, plus rien ne nous atteint», explique le professeur Voyer.

La PEA entraîne également la production d’autres molécules puissantes, comme l’adrénaline. «C’est l’hormone de l’urgence. Le rythme cardiaque et la pression artérielle augmentent», affirme-t-il. Cette «flèche de l’amour» a cependant des effets secondaires indésirables. Le cœur veut sortir de la poitrine, les joues rougissent et on ne sait plus ce qu’on dit.

La PEA envoie ensuite un autre produit chimique à double tranchant dans notre cerveau. «La dopamine améliore l’humeur, mais elle rend paquet de nerfs», souligne M. Voyer. «C’est à cause d’elle qu’un amoureux appelle deux fois en une minute sa nouvelle copine, sans rien avoir à lui dire», ajoute-t-il

L’amour est donc une «volée» de drogues douces éphémères qu’on consomme régulièrement. «Le coup de foudre ne dure qu’entre 2 et 4 ans. Vous aurez des coups de foudre toute votre vie! Vous n’avez qu’à aller dans un foyer de personnes âgées pour le constater», dit-il en riant.

Le grand amour est tout de même possible nous explique le chercheur: «Lorsque le buzz (NDLR: sentiment d’euphorie comparable à celui d’une drogue) initial est passé, une molécule responsable de l’affection et du bien-être, l’ocytocine, apparaît dans le cerveau des partenaires.» Cette hormone est par ailleurs produite par les femmes qui allaitent et joue un rôle dans le lien mère-enfant. L’ocytocine est donc reliée à un sentiment de confort profond. «C’est elle qui fait en sorte que l’attachement dure longtemps», explique le professeur Voyer qui sait de quoi il parle. Précisons que le chimiste est amoureux de la même femme depuis de nombreuses années.

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