Impact Campus : Actuellement, comment interagissent la philosophie et la science ?
Yves Larochelle :Il y a depuis quelques décennies des scientifiques qui s’improvisent philosophes. Ce qu’il faut retenir de mon exposé c’est que la science et la philosophie, ce n’est pas la même chose, mais ce ne sont pas non plus des choses contraires, qui se combattent l’une contre l’autre. Il y a quelques centaines d’années c’était la même chose. Descartes était un physicien, un mathématicien et un philosophe. Ce que l’on voit dans les médias ou ailleurs, c’est une espèce de chicane entre la philosophie et la science basée sur le fait que le scientifique connait peu la philosophie et vice-versa. Même si ses travaux [ NDRL : thèse de Charles De Koninck ] datent des années 40-50, ils restent utiles et intéressants aujourd’hui.
IC : Avec votre expérience académique, diriez-vous que les étudiants en sciences devraient être amenés à en apprendre plus sur la philosophie ?
YL :Oui. Quand j’étais étudiant en physique, c’était quelque chose qui me dérangeait un peu. L’aspect « épistémologie » intéresse beaucoup de monde, sauf les scientifiques. Le problème principal, remarqué en faisant ma thèse en philosophie, est que si on s’arrête pour penser à ce que fait la science, comment elle fonctionne ou comment elle devrait fonctionner, on n’est pas efficace. Les scientifiques, eux, cherchent à être efficaces. Ils veulent être les premiers à faire une découverte. On n’a pas nécessairement le temps de s’arrêter. Pour faire de la science, il faudrait se donner le loisir de reculer un peu et de se demander ce qu’est la science et les raisons de sa pratique.
IC : Croyez-vous au rapprochement entre la science et la philosophie ?
YL :Chacun d’entre nous va y contribuer, ou non. Je donne des cours au collège et j’essaie justement de parler de science et de philosophie. Il faudrait peut-être que dans les différents départements des liens se fassent.
Crédit photo : Claudy Rivard
