La vie privée comme sur écoute

L’incident soulève des questions quant aux réseaux sociaux en eux-mêmes, ainsi qu'à leur lien avec les différents employeurs. Il semble qu'ici, le malaise de la direction d'Astral Média par rapport aux propos (personnels) de son animateur ait été plutôt vif. Mais le fait d'être un animateur connu dans sa région transforme-t-il Maxime Roberge en ambassadeur perpétuel de son patron? De quel droit?

Que doit-on penser quand les relations de travail se mêlent à la vie personnelle sur Facebook? Quand des représentants deviennent les «amis» de leurs clients? Que des infirmières affichent des commentaires sur le babillard de leurs patients? Le vocable Twitter des fonctionnaires est-il réglementé? Les réseaux sociaux font leur place en milieu de travail, que ce soit pendant les heures de bureau ou en dehors, brisant tour à tour les codes de déontologie et les politiques de confidentialité. Pas besoin de regarder très loin pour se remémorer Dimitri Soudas, l'attaché du premier ministre Stephen Harper, et ses tonnes de photos sur Facebook «compromettant la sécurité nationale». Est-ce que les entreprises privées et les institutions publiques sont prêtes à faire face aux problèmes que peut poser la présence de leurs employés sur des réseaux sociaux? De toute évidence, Astral Média n'était pas prête à ça.

Les entreprises médiatiques ont dû se frotter la bedaine quand on a commencé à suivre nos vedettes sur Twitter. Les animateurs, journalistes, communicateurs et chroniqueurs se sont servis de cette plateforme de diffusion, créant ainsi du métacontenu (gratuitement, du point de vue des employeurs) et augmentant la notoriété : celle de la personne et celle du média en même temps. Seulement, c'est un couteau à double tranchant, un couteau avec lequel Maxime Roberge a fait le seppuku de son emploi. Est-ce là la politique? Un laisser-aller, tant que ça marche? C'est une tactique qui a le mérite de fonctionner, même à long terme. Mais est-elle saine? Et surtout, est-il légitime de surveiller ce que disent nos employés sur les réseaux sociaux en dehors des heures de bureau? À ce compte-là, pourquoi ne pas mettre leur téléphone sur écoute et surveiller leurs déplacements?

Plus on retourne la question, plus de nouveaux aspects apparaissent. Les pratiques de communication sur les réseaux sociaux ne sont pas encore matures et la ligne entre le personnel et le professionnel reste à tracer.

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