Le laboratoire Co-DOT, fondé en 2010, étudie les facteurs qui interviennent lors de la prise de décision de l’homme et les conditions qui favorisent le rendement optimal du travail collectif. Son directeur, Sébastien Tremblay, et son équipe ont mis en évidence plusieurs limites cognitives de l’être humain.

Pierre-Louis Curabet

Benoît Vallières, doctorant en psychologie à l’université, fait partie de l’équipe du laboratoire Co-DOT ( Cognition – Distribution – Organisation – Technologies ). Il travaille sur un modèle qui se base sur la mesure du déplacement de l’œil d’une personne qui doit surveiller attentivement un espace aérien à l’aide d’un écran radar. Alors que cet observateur a reçu une formation qui lui a permis d’intégrer des règles selon lesquelles elle doit agir, Benoît Vallières a noté que dans 13 % des cas où il y a un risque de percussion entre avions la personne regarde, mais ne voit pas le danger. « L’homme apprend des règles, mais il est souvent irrationnel dans ses décisions, constate Sébastien Tremblay. Et cela peu importe l’expérience de l’individu. »

Cécité au changement

Pour ce qui est des prises de décisions collectives en situation de stress, l’équipe du laboratoire réalise des simulations de gestion de crise et de réponse d’urgence. Quatre personnes peuvent tenter l’expérience en même temps. Chacun à un rôle et l’équipe a une mission à réussir. Ce quatuor doit alors prendre les meilleures initiatives pour résoudre la situation. Dans cette expérience aussi, les chercheurs de l’université observent des prises de décisions irrationnelles et une difficulté à bien coordonner leurs actions. Il semble que le cerveau a une représentation lacunaire du monde, d’où de possibles erreurs.

Daniel Lafond, post-doctorant en psychologie à l’UL, affirme que, dans une situation complexe et où les décisions sont prises à long terme, un individu a tendance à se concentrer sur un problème ( concept de « vision tunnel » ) et a dû mal à se projeter pour prendre en compte les effets indirects de ses décisions, qui sont parfois indésirables. « On tend à surestimer notre intelligence, mais l’homme présente de grandes limites dans son jugement », soutient le post-doctorant en psychologie. De son côté, Sébastien Tremblay signale l’existence d’un « mur de complexité ». Le laboratoire Co-DOT tente donc de trouver des solutions à ces prises de décision irrationnelles en s’appuyant sur la technologie. Cependant, concernant cet « espace solution », l’équipe de Sébastien Tremblay n’en est qu’à ses débuts.

Crédit photo : Pierre-Louis Curabet

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