Les ARN non-codants et ses surprenantes propriétés

Le point sur la recherche

L’acide ribonucléique, ou ARN, est une molécule biologique trouvée dans pratiquement tous les organismes vivants, y compris certains virus. Connu depuis longtemps pour être responsable de la synthèse des protéines et du transfert d’informations contenues dans l’ADN, il peut avoir plusieurs fonctions. Impact Campus a rencontré Jonathan Perreault, professeur au Centre IRNS-Institut Armand-Frappier.

Alexandra Guellil

Impact Campus: Pouvez-vous expliquer la différence entre les ARN et les ARN non-codants particulièrement chez les bactéries?

Jonathan Perreault: L’ARN est reconnu depuis longtemps comme étant un intermédiaire, un messager qui peut transporter une information génétique. Les ARN non-codants, eux, sont des petits ARN qui ne contiennent pas d’information destinée à la synthèse de protéine. On leur découvre un rôle de plus en plus important dans la régulation. Ils ont des effets différents, permettent de maintenir le meilleur statut de la cellule et agissent exclusivement comme récepteur. Bien que les ARN non-codants soient retrouvés chez tous les organismes vivants, plusieurs différences existent entre les espèces.

IC: Justement, en quoi sont-ils distincts?

JP: Chez les animaux et les plantes par exemple, on va chercher à analyser notamment l’ARN-Interférence qui agit grâce à la complémentarité que de courts ARN arrivent à établir avec leur cible. De mon côté, je m’intéresse aux bactéries et à l’aspect de régulation intrinsèque des gènes. Les bactéries possèdent des « riboswitch », c’est en partie grâce à cela que les concentrations favorables de métabolites sont maintenues dans les bactéries  :  les petits ARN régulent une profusion de gènes. Cette connaissance de la régulation génétique a un grand potentiel, de nombreuses recherches sont d’ailleurs effectuées à ce sujet.

IC: Quelles pourraient être les applications concrètes de ces recherches sur les ARN non-codants?

JP: Les applications potentielles  peuvent se retrouver dans certaines caractéristiques d’antibiotiques, l’ARN pouvant en être la cible. Au niveau de l’environnement par exemple et grâce à la biologie synthétique, cette régulation pourrait nous permettre d’améliorer notre compréhension des processus impliqués dans divers dossiers comme la contamination des sols ou la bioremédiation. Pour l’humain, même si ce n’est pas mon domaine de recherche, on sait que les ARN- Interférence sont un espoir thérapeutique. Encore faut-il que l’on parvienne à en avoir une approche intéressante ; cela pourra révolutionner la médecine notamment grâce à la connaissance approfondie de certaines maladies.

Crédit photo : Courtoisie

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