Selon une récente étude publiée par le Journal of Maternal-Fetal and Neonatal Medicine, des bactéries associées aux maladies parodontales peuvent se retrouver dans le liquide anionique et provoquer des naissances prématurées. Impact Campus a posé trois questions à Fatiha Chandad, professeur titulaire en médecine dentaire à l’université et co-auteur de l’article.

Naissances prématurées : des bactéries buccales en cause

 

Impact Campus: Pouvez-vous dans un premier temps définir les maladies parodontales ainsi que la prématurité?

Fatiha Chandad:Les maladies parodontales sont des infections qui touchent les gencives, causent le déchaussement des dents, la destruction des tissus qui attachent les dents à la gencive et finalement la perte des dents. Ces maladies sont causées par des bactéries pathogènes qui s’accumulent dans les tissus entre la dent et la gencive, causent une inflammation, un saignement et finalement la destruction des tissus et la perte de la dent affectée. Pendant l’installation de cette infection, accompagnée d’inflammation, certaines bactéries peuvent pénétrer profondément dans les tissus, causer une bactériémie transitoire et aller envahir d’autres tissus ou d’autres organes ailleurs dans l’organisme.

Quant à la prématurité, elle est définie comme toute naissance qui survient avant 37 semaines de grossesse et est souvent accompagnée d’une naissance de bébé à faible poids, moins 2 500g. Malgré tous les progrès de la médecine et l’évolution des soins, les taux de prématurité n’ont pas changé depuis 40 ans, et ont même tendance à augmenter au cours des dernières années. Bien que plusieurs facteurs de risque de prématurité soient connus, il demeure qu’environ 25% des naissances prématurées sont de causes inconnues.

 

IC: La bactérie Fusobacterium nucleatum a été identifiée dans presque tous les cas avant la 30e semaine de grossesse. C’est la même bactérie impliquée dans les maladies parodontales. Connait-on sa provenance exacte, avant de se retrouver dans le liquide amniotique?

FC:C’est une bactérie retrouvée spécifiquement dans la bouche et souvent en plus grosse quantité dans la plaque dentaire associée aux maladies de gencive. D’autres espèces ou de souches de Fusobacterium ont été rapportées aussi ailleurs dans les muqueuses intestinales, et tout récemment, cette même bactérie a été retrouvée dans des biopsies de tumeurs du côlon, et ont été ainsi associées  au cancer du côlon.

 

IC: Les conséquences sont donc de provoquer un accouchement prématuré ou en tout cas d’y avoir un lien. Y a-t-il d’autres risques révélés ou possibles pour la mère ou le prématuré?

FC:À part ce que je viens de mentionner de l’existence d’un lien possible, récemment révélé entre la présence de cette espèce bactérienne et le cancer du côlon, il n’y a pas de risque connu clairement pour cette espèce bactérienne, car on peut aussi la retrouver chez des sujets sains et ne présentant pas de symptômes de maladies parodontales. Pour la mère, cette étude suggère un potentiel facteur de risque associé à la prématurité. Pour le prématuré, on ne peut rien affirmer, car rien n’est connu à ce sujet , même si on peut se lancer dans des hypothèses ou des spéculations, il faudra des études cliniques bien contrôlées pour vérifier ces hypothèses, ce qui n’était pas l’objet de notre récente étude.

Crédit photo : Courtoisie, Jacques Plante

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