Depuis plus de trente ans, le sport peut être diagnostiqué comme «addiction positive».

Nouvelle source de dépendance

Miguel Sanchez, vainqueur du marathon de Québec en 1999, aime le sport et ne peut pas s’en passer: «Pour moi, raconte-t-il, c’est une drogue, je ne fume pas, je ne bois pas. C’est une raison de vivre. Si je ne faisais pas de sport, je ne serais pas capable de fonctionner professionnellement. Ça m’équilibre, ça me permet d’évacuer mon stress, ce trop plein d’énergie que j’ai, et c’est merveilleux».

La différence entre pratique sportive intense et dépendance pathologique à cette dernière est ténue.

Dépendance positive

«Les premières études remontent à 1976», indique Laurence Kern, professeur à l’université Nanterre de Paris. «Ça a été découvert un peu par hasard par William Glasser,  un chercheur qui voulait étudier les effets de la privation de l’activité physique sur le sommeil».Pour réaliser son expérience, il va passer une annonce pour trouver des marathoniens volontaires. N’ayant aucune réponse, le chercheur se demande pour quelles raisons les sportifs ne sont pas prêts à arrêter leur activité physique. C’est ainsi que le concept de «dépendance positive» est apparu.

Depuis, de nombreuses études ont été menées sur ce sujet. En novembre dernier, Laurence Kern a ainsi validé une version française de l’«Exercice Dependence Questionnaire». Du côté des médecins, ces questionnaires peuvent avoir une certaine utilité puisqu’ils leur fournissent un portrait de la dépendance 
du patient.

Dan Véléa, psychiatre-addictologue en France, affirme que cette «addiction positive» se caractérise par les mêmes symptômes que les addictions à l’alcool ou aux drogues, dites «négatives». Ce docteur note que les patients peuvent connaître «une instabilité émotionnelle avec des failles narcissiques et des crises identitaires», avant d’ajouter qu'il est possible aussi de «chercher une sorte d’automédication dans la pratique physique […] comme palliatif par rapport à une souffrance intérieure».

À l’instar des drogues dures et de l’alcool, le sport peut donc être source de dépendance. Le docteur Dan Véléa dénombre ainsi un nombre croissant de consultations dans son bureau. Pour la chercheuse Laurence Kern «le monde politique ne s’intéresse pas encore aux problèmes que cause un excès d’exercice physique». Et à cette dernière de conclure que «l’activité physique est bonne pour la santé quand elle est faite de façon raisonnée.»

Crédit photo : Claudy Rivard

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