Dans le cadre du Carrefour Forêt Innovations qui commence ce matin, nous avons rencontré Louis Bélanger, professeur à la faculté de foresterie.

«Optimiste et prudent» face à l'avenir des forêts

Impact Campus:L'écosystémique est un concept souvent abordé par les chercheurs pour aborder la préservation des forêts et de la biodiversité. De quoi s'agit-il précisément ?

Louis Bélanger : En réalité, il s'agit de maintenir le caractère naturel des forêts. C'est en réaction à une foresterie artificielle de plantation. C'est un peu pour la foresterie ce que l'agriculture bio est pour l'agriculture.La définition légale est de diminuer la différence entre une forêt naturelle et une forêt aménagée. En faisant cela, on répond à deux grandes valeurs : on a plus de chances de maintenir la biodiversité et ça correspond à la vision patrimoniale que les gens ont de la forêt.

IC :Parmi toutes les techniques à l'essai, quelles sont, selon vous, celles qui sont les plus prometteuses?

LB :À l'Université Laval, notre forêt d'enseignement et de recherche est en aménagement écosystémique depuis 20 ans. On est donc un des territoires où s'est développé ce concept au Québec. Mais ce concept est étudié aux États-Unis, un peu partout. Chaque types d'écosystèmes nécessite sa recette. Si j'aménage une forêt de résineux, issue des feux, ce n'est pas la même chose que gérer la forêt feuillue. En terme de techniques, on essai surtout d'imiter les perturbations naturelles[maladies, insectes, âges, etc].

IC :Ces techniques sont-elle adoptées par les industries?

LB :Il y a une phase de transition qui est difficile pour l'industrie.  Par exemple, dans la forêt de feuillu, la technique de « jardinage » [n'enlever qu'un arbre ça et là] menait à « l'écrémage » des forêts. C'est-à-dire que les entreprises respectait la technique, mais ne coupait que les bonnes tiges et laissait les mauvaises. Il fallait faire le contraire, ce qui est difficile économiquement.

IC : Selon vous, est-ce que les mesures prisent par le Ministère des Ressources naturelles et de la Faune montrent qu'ils sont sur la bonne voie?

LB :On est en transition. Ce qui est arrivé au Québec, c'est qu'on avait plus le choix. On a tellement surexploité [nos forêts] dans le passé qu'on avait plus de marche de manœuvre économique. À chaque fois qu'une décision est faite, ça fait mal [à l'industrie].

150 exposants vous attendent jusqu'au 6 octobre au Centre des congrès de Québec dans le cadre du Carrefour forêt innovations. Pour plus d'informations : www.carrefourforetinnovations.gouv.ca

Crédit photo : Claudy Rivard

Consulter le magazine