Le bilan des personnes infectées par le virus de la grippe H7N9 s’alourdit chaque jour, mais l’Organisation mondiale de la santé ( OMS ) se veut rassurante et affirme que, pour le moment, il n’y a pas eu de mutation du virus favorable à une transmission interhumaine.

Pas d’évolution du virus vers une transmission interhumaine

Le bilan des personnes infectées par le virus de la grippe H7N9 s’alourdit chaque jour, mais l’Organisation mondiale de la santé ( OMS ) se veut rassurante et affirme que, pour le moment, il n’y a pas eu de mutation du virus favorable à une transmission interhumaine.

Élise Magnin

Courtoisie : Wikimedia, Elza Fiúza:Agencia Brasil, Creative commons
Courtoisie : Wikimedia, Elza Fiúza:Agencia Brasil, Creative commons

La souche H7N9 du virus de la grippe aviaire a fait de nouvelles victimes en Chine. Cette version du virus, comme des dizaines d’autres, possède à sa surface deux protéines externes, l’hémagglutinine ( la lettre H ) et la neuraminidase ( N ), composants lui permettant de s’amarrer à une cellule et de l’infecter. Avec 16 formes différentes d’hémagglutinine et 9 de neuraminidase, il existe de nombreuses combinaisons toutes présentes dans le monde animal, en particulier chez les espèces aviaires ; les oiseaux et les volailles constituent donc le premier vecteur de propagation du virus. De plus, le H7N9 a la particularité de posséder intrinsèquement les éléments lui permettant de s’attacher aux récepteurs qui sont utilisés de manière préférentielle par les virus humains.

Découvert au début du mois dans la région de Shanghai, le virus H7N9 a, à ce jour, infecté 38 personnes dont 10 sont décédées. En effet, ayant acquis une mutation lui permettant de se transmettre à l’homme, H7N9 a ainsi passé la barrière de l’espèce.

La difficulté de contenir la propagation du virus réside dans le caractère non létal de l’infection des volailles par le H7N9, compliquant sa détection : les agriculteurs ne s’aperçoivent donc pas que les élevages sont contaminés, facilitant ainsi la diffusion du virus. De plus, la densité humaine du continent et les modes de vie – les habitants ont l’habitude de vivre avec des volailles au sein de leur maison – ont permis un rapide passage de l’animal à l’homme. Cette transmission se ferait vraisemblablement à partir de particules aériennes provenant de poussières de fientes contaminées par le virus ou par contact avec des animaux infectés, comme tel a été le cas pour le virus H5N1 en 2001.

Très concentré dans l’air, le H7N9 entraîne au départ une grippe classique dégénérant dans la majorité des cas en pneumonies, accompagnées de fièvre, toux et essoufflement. Pour le moment, il n’existe pas encore de preuve attestant d’une transmission d’homme à homme. En effet, « même si nous ignorons l’origine de l’infection, pour l’heure il n’y a pas de preuve d’un tel type de transmission de la souche H7N9 de l’influenza aviaire », a déclaré lors d’une conférence de presse le représentant de l’OMS en Chine, Michael O’Leary.

Les foyers d’infection sont localisés et ponctuels chez l’homme, mais une mutation du virus favorable à une transmission interhumaine reste possible à tout moment, ce qui pourrait déclencher une pandémie.

Dix ans et 800 morts après l’épidémie du SRAS ( syndrome respiratoire aigu sévère ), le traumatisme demeure. Pékin avait alors été critiqué pour avoir tardé à donner l’alerte et tenté de dissimuler l’ampleur de l’épidémie. Se sachant observées, les autorités de Shanghai ont donc pris des mesures préventives : abattage d’élevages de volailles, fermeture de marchés aux volailles et des volières du zoo, interdiction de courses de pigeons voyageurs et de vente d’oiseaux d’agrément. Face au H7N9, le ministère de la santé chinois a promis « d’entretenir des canaux de communication et d’information avec l’OMS ainsi qu’avec les pays et les régions concernés, et de renforcer les mesures de surveillance et de prévention ».

De plus, l’agence chinoise du médicament a autorisé la mise au point d’un vaccin contre le H7N9 et celui-ci devrait être disponible avant le milieu de l’année.

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